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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/372

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

Troupe au bon sens antipode,
Touche au dernier période
De ton avilissement.
Qui que tu puisses élire,
Après ce noir garnement,
À compter de ce moment
On n’a plus rien à te dire.


Même eJadis Apollon fut berger.
Même encore aujourd’hui sur les bords de la Seine
On voit paître un troupeau qu’il daigne protéger
Même eEt compter trois fois la semaine.
Malgré les soins du dieu, cet illustre bétail
Essuie assez souvent de rudes escarmouches,
Même eEt ne rentre guère au bercail
Sans être maltraité par certains loups farouches.
« Quoi ! dit un jour Phoebus, mes nourrissons chéris
Seront toujours en proie à ce peuple féroce !
Qu’on me fasse venir d’Angleterre ou d’Écosse
MêmUn bataillon de dogues aguerris.
— Eh ! qu’avez-vous besoin d’une meute étrangère ?
Même eLui répondit certain quidam :
Vous pouvez de Pluton emprunter le cerbère ;
MêmMais faites mieux, ayez l’abbé Le Blanc. »

— L’Académie française adjugea, le jour de Saint-Louis, le prix de poésie au chevalier de Laurès. La lecture de l’ouvrage couronné fut suivie de quelques réflexions sur la nécessité et l’agrément de la rime, par M. de Fontenelle. Le public n’a pas trouvé mauvais qu’un homme âgé de quatre-vingt-treize ans fit un radotage ; mais il a beaucoup blâmé les amis de cet illustre écrivain de le lui avoir laissé lire. M. de Marivaux nous régala d’une dissertation dans laquelle il examinait pourquoi les philosophes étaient plus respectés que les beaux esprits, Newton et Malebranche, par exemple, plus que Corneille et Racine. Il a dit sur cela des choses fines, profondes, agréables, que vous devinerez aisément. Le public, qui paraît depuis assez longtemps brouillé avec cet aimable auteur, s’est réconcilié avec lui à cette occasion. Je n’ai guère rien vu d’aussi applaudi, et j’ai peu vu de choses qui méritassent plus de l’être.