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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/401

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

événements vient de donner naissance aux deux couplets de chanson que vous allez lire :

Monsieur le prévôt des marchands,
Ma foi, ne se rit plus des gens ;
Il sait embellir les coulisses
Et les habits de l’Opéra ;
Qu’il fasse guérir les actrices,
Et tout Paris le bénira.

Rien n’est mieux fait, assurément,
Que ce nouvel arrangement ;
C’était une chose incivile
Que l’Opéra, rempli d’appas,
Appartînt à toute la ville,
Et que la ville ne l’eût pas.


LXII


M. de Voltaire vient de réunir dans un volume les discours qu’il a faits en vers sur différents sujets de morale[1]. Ces agréables poésies, imprimées la plupart depuis longtemps, ont acquis dans cette édition un degré de perfection qu’elles n’avaient pas. À la suite des vers est une sorte de lamentation sur la barbarie qui règne à Paris et sur les embellissements nécessaires à cette grande ville. L’auteur a fait usage, dans ce morceau, de l’art qu’il a éminemment de rendre intéressants tous les sujets qu’il traite. Il y a répandu des principes très-lumineux de commerce, de politique et de finance. Le volume que j’ai l’honneur de vous annoncer est terminé par une agréable satire de nos mœurs. C’est une allégorie. Ituriel, génie puissant, envoie Babouc à Persépolis pour savoir s’il doit corriger ou exterminer cette ville. Babouc, à son retour, rendit ainsi compte de sa commission. Il fit faire par le meilleur fondeur de la ville une petite

  1. Recueil de pièces fugitives en prose et en vers par l’auteur de Sémiramis. Amsterdam et Gotha, 1750, in-12. L’édition de 1739 avait été supprimée par arrêt du Conseil.