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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/407

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Arétin au grand-duc, la signa et remit le reste à un autre soir.

On raconte qu’un prince espagnol entretenait un courrier pour avoir le premier ce qui sortait de sa plume, sans compter les pensions qu’on lui faisait. Il se vantait d’avoir su, avec une bouteille d’encre et une main de papier, se créer deux mille écus de rente dont les fonds étaient assignés sur la sottise d’autrui.

Tani, parlant d’un babillard, dit qu’il était plus riche en paroles qu’Arétin en coups de bâton.

M. de Boispréaux aurait pu recueillir beaucoup de faits agréables sur l’Arétin. J’ignore pourquoi il ne l’a pas fait. Ces récits auraient jeté plus de vivacité et d’intérêt dans son ouvrage que des extraits, qui ne signifient pas grand’chose, des lettres et autres ouvrages de cet écrivain. Comme le fond de cette histoire n’est rien, je ne crois pas essentiel d’insister sur la forme, qui n’est pas grand’chose.

— On parle toujours beaucoup de la construction d’une place où doit être mise la statue de Louis XV. Comme cette place doit coûter des sommes immenses et que le royaume est fort obéré, un de nos poëtes, nommé de Bonneval, a adressé au roi le madrigal suivant :

On doit faire une place élégante et correcte ;
Chacun trace à son gré le plan qu’il a formé ;
ChacC’est pour Louis le Bien-Aimé,
ChacTout Paris devient architecte.
Vous êtes, il est vrai, le plus doux des vainqueurs ;
Ce titre seul mérite une gloire immortelle ;
Grand roi, contentez-vous de régner dans nos cœurs ;
ChacEst-il une place plus belle ?

— La tragédie d’Aristomène, qui avait été jouée l’été dernier avec tant d’éclat et qui a été reprise cet hiver avec assez de succès, vient de perdre par l’impression la meilleure partie de sa réputation. Tout l’intérêt de la pièce porte sur le péril de Leuxis et Léonide de la part du Sénat. Or, les connaisseurs prétendent que ce danger est chimérique, puisque les sénateurs n’auront point et ne peuvent pas avoir la hardiesse de faire périr la femme et le fils d’un homme que le peuple regarde comme son libérateur, et que l’armée, qui est sous les murs de la ville,