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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/411

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

volume entier de traductions de cet auteur. Enfin, M. Richelet vient de ramener notre nation au goût du beau simple, en lui présentant une version charmante de quatre des meilleurs opéras de Metastasio, ce sont Adrien, la Clémence de Titus, Cyrus et Zénobie[1]. On reproche avec raison à l’auteur italien deux défauts considérables : le premier, de n’avoir qu’un dénoûment pour toutes ses tragédies, le second de prendre hardiment tout ce qu’il trouve de bon dans les poëtes français. Quelqu’un faisait remarquer un jour à Voltaire que cet écrivain l’avait beaucoup volé : « Ah ! s’écria-t-il, le cher voleur, il m’a bien embelli. »

— Notre nation, qui se passionne souvent pour des objets frivoles, vient de se partager avec beaucoup de vivacité sur une question assez peu importante. Il s’agit de savoir si le testament politique du cardinal de Richelieu est réellement de ce grand ministre, ou si c’est un ouvrage supposé. L’opinion commune l’attribuait à ce politique ; M. de Voltaire a cru qu’on se trompait, et il a osé le dire. Le duc de Richelieu a pris tout cela légèrement, comme il convenait, mais Mme la duchesse d’Aiguillon a cru devoir se fâcher, et elle a fait faire une dissertation pour restituer à son grand-oncle ce qu’elle imagine lui appartenir. Voltaire va répliquer par un écrit qu’il m’a fait l’honneur de me lire et qui m’a paru tout à fait digne de lui[2]. Tout ce qu’on peut dire de plus fort pour conserver au cardinal de Richelieu le testament politique, c’est qu’il s’en trouve dans la bibliothèque de la Sorbonne une copie de la main de son secrétaire. À ce préjugé on oppose les puérilités, les contradictions, les défauts de bienséance, enfin les antidates dont cet ouvrage est rempli.

— On représente sur le Théâtre-Italien une comédie française en trois actes et en vers, intitulée la Fausse Prévention. Quoiqu’elle paraisse sous le nom d’un M. Dieudé, tout le monde

  1. Ce sont les deux premiers volumes de la traduction de Richelet, qui en a douze. Vienne (Paris), 1751-1761.
  2. La dissertation de Voltaire sur l’authenticité de ce testament a été d’abord publiée à la suite des Mensonges imprimés placés d’abord eux-mêmes à la suite de Sémiramis, 1749, in-12. Il revint sur cette question en 1764, lorsqu’il répondit de nouveau à Foncemagne dont la Lettre sur le testament politique de Richelieu est sans doute celle qui fut écrite à l’instigation de la duchesse d’Aiguilion.