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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/445

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

telle que sont nos jolies femmes ; Lucile est aimable, timide, tendre, et telle en un mot que les femmes estimables doivent être.

Le jeune provincial n’a que vingt ans. Il trouve Cidalise charmante, prend ses goûts, son ton, ses airs, et ne s’aperçoit seulement pas de Lucile. Celle-ci a pris du goût pour lui, elle le combat en vain, il est plus fort que sa raison. Tout ce qu’elle peut gagner sur elle-même, c’est de cacher sa faiblesse.

Les choses sont dans cet état lorsque l’oncle de Provence arrive, il vient s’éclairer par lui-même des progrès de son jeune neveu. Il l’examine ; il ne le trouve qu’un sot.

Cependant son vieux ami, enchanté des progrès du jeune provincial, a conclu son mariage avec Cidalise qui, aux yeux de l’oncle de Provence, ne vaut pas mieux que son étourdi de neveu.

Par bonheur, Cidalise se met dans la tête de se moquer de la triste, de la timide Lucile ; et elle imagine, pour connaître mieux son caractère et comme une chose fort plaisante, que le jeune provincial fasse semblant de l’aimer.

Son projet tourne contre elle-même. Le jeune homme trouve dans Lucile un caractère qui l’enchante. L’amour lui ouvre les yeux sur le caractère de Cidalise et sur ses propres travers ; il estime, il adore Lucile, il se corrige. L’amour fait ce miracle, et d’un jeune fat il fait un amant fort tendre et un fort galant homme.

Il y a une scène au second acte entre les deux oncles fort agréable. Elle roule sur les ridicules à la mode, sur les inconséquences du grand monde, sur les mœurs, sur les façons de penser différentes dans divers quartiers de Paris.

On a joint à cette pièce un ballet nouveau. Ce sont les âges en récréation. Il est nombreux et varié, et ce spectacle attire Paris en foule à la Comédie-Italienne.

— Il paraît une petite brochure dont le titre est Voyage à Cythère[1]. Ce petit ouvrage est d’un médecin de Bordeaux qui se nomme La Montagne. Il n’y a rien qui sente la profession de

  1. Voyage à Cythère contenant les descriptions du temple, les usages et règlements établis par le tribunal de l’amour. Dédié aux habitants de l’île de Cythère, 1750, in-12.