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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/459

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

tées ; mais il lui a plu d’observer plus de distinctions avec celles qui lui sont étrangères. Le matin du jour que se devait faire la présentation de Mme du Bocage, le duc de Richmond vient chez milady Albemarle de la part du roi d’Angleterre lui dire que la susdite dame ne serait point saluée.

« Comme, relativement aux usages, le refus du salut aurait été une espèce de dégoût, non-seulement pour la personne présentée, mais encore pour celle qui la présentait, milady prit le parti d’avertir Mme du Bocage, et lui fit dire qu’elle se trouvait si incommodée ce jour-là qu’elle ne pouvait la mener à la cour. Comme le roi d’Angleterre partait quelque temps après, il ne fut plus question de la présentation de Mme du Bocage. Naturellement, la susdite dame n’ayant point été présentée au roi d’Angleterre, ne pouvait l’être au prince de Galles, mais ce prince ayant témoigné sur sa réputation quelque curiosité de la connaître, Mme de Mirepoix, qui se portait mieux, se chargea de la lui présenter. Ce prince, comme son père, ne voit du monde que certains jours de la semaine. En attendant un de ces jours, il prit à ce prince fantaisie d’aller déjeuner chez la femme d’un homme qui lui est attaché, et qui se trouve de la connaissance de Mme du Bocage, à qui il fit dire de s’y trouver, et Mme de Mirepoix fut aussi invitée d’être de la partie.

« Dans toutes les cours, il y a des sortes de circonspections à observer, et plus à celle-ci qu’aux autres par les divisions qui règnent dans la famille royale. Relativement à ces considérations, Mme de Mirepoix dut éviter la partie particulière proposée par le prince de Galles, et s’en excusa sur le prétexte d’une migraine. Le lendemain de ce déjeuner devait se faire la présentation de Mme du Bocage. La dame chez qui il s’était fait fit dire à Mme de Mirepoix que, comme elle se trouvait incommodée, si elle agréait qu’elle présentât le lendemain la susdite dame, à quoi Mme de Mirepoix acquiesca.

« Devant ou après sa présentation, il plut à Mme du Bocage d’écrire à Mme de Mirepoix la lettre dont je joins ici la copie. Jugez, ma chère maman, si par ses procédés Mme de Mirepoix devait s’y attendre, et si de plus elle ou moi eussions pu croire qu’aucune circonstance, quelle qu’elle pût être, eût mis Mme du Bocage en droit de lui en faire de pareilles.

« Vous croyez bien, ma chère maman, que la lettre est