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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/458

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

À Londres, ce 11 mai 1750.
M. DE MIREPOIX À Mme LA PRÉSIDENTE DE RIEUX,
SA BELLE-MÈRE.

« Vous savez, ma chère maman, que je ne me mêle ni n’observe guère ces petits procédés qui se passent souventes fois entre vous autres mesdames, et que l’on nomme vulgairement tracasseries ; mais par la considération particulière que j’ai pour tout ce qui vous intéresse, je n’ai pas pu me dispenser de remarquer et de vous rendre compte de la façon dont il a plu à Mme du Bocage de répondre aux soins que Mme de Mirepoix et moi nous nous sommes donnés pour l’accueillir ici, selon vos intentions.

« Je vous ai mandé, ma chère maman, que dès le lendemain que nous eûmes su son arrivée à Londres, nous avions été les chercher chez eux, son mari et elle, qu’ils dînèrent le jour d’après chez moi, et que notre maison leur serait offerte pendant leur séjour en Angleterre ; tout cela a été exécuté comme j’ai eu l’honneur de vous le mander.

« Mme du Bocage désira d’être présentée au roi d’Angleterre, et Mme de Mirepoix s’offrit de la mener à la cour. Suivant les usages de cette cour, le roi ne reçoit les dames que certains jours de la semaine, et il n’en restait que deux avant le départ de ce prince royal.

« Sur ces entrefaites, Mme de Mirepoix se trouva fort enrhumée et si furieusement indisposée, qu’elle fut plusieurs jours hors d’état de sortir de chez elle. Dans la nécessité de ces circonstances, elle fit dire à Mme du Bocage qu’elle avait prié milady Albemarle, son amie, de se charger du soin de la présentation. Ce choix ne pouvait être plus honnête pour Mme du Bocage, tant parce que milady Albemarle est femme de l’ambassadeur d’Angleterre en France que par le rang qu’elle tient dans ce pays-ci et par la considération personnelle qu’elle a à cette cour.

« Par la popularité que le roi d’Angleterre veut bien affecter à l’égard de tous ceux et celles de ses sujets, il est dans l’usage de saluer indistinctement toutes les dames qui lui sont présen-