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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/461

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

surprise de votre procédé avec le respect qui vous est dû, madame, votre, etc.

« P. S. Je sais que cette lettre est inutile, madame, mais ayant plus de sincérité que vous ne m’en avez montré, je n’ai pas voulu vous laisser ignorer mes sentiments. »

— On a donné au Théâtre-Italien, le 14 de ce mois, une pièce française en un acte, à scènes épisodiques et en vers libres, qui a pour titre le Sommeil de Thalie.

Cette déesse, fatiguée des mauvaises pièces qu’on représente, s’endort et prend la résolution de ne se réveiller qu’au retour du bon goût. Elle charge Momus de donner pour elle audience aux mortels et d’instruire les auteurs et le public, les premiers sur leurs productions, le public sur ce qu’il doit approuver ou proscrire.

Momus ouvre la scène avec la Raillerie ; ils font ensemble assaut de satire sur les ouvrages, les modes et les propos du temps. Une femme raisonnable et du bon ton vient ensuite trouver Momus et se plaint de ce qu’on ne parle plus que par épigrammes, et de ce qu’on néglige le sentiment. Il y a de l’esprit et de jolis vers dans cette scène, que Mlle Silvia rend fort bien. Survient un fat libertin qui n’est instruit que des anecdotes de l’Opéra. Il sait les intrigues pour les rôles, les cabales des compositeurs de musique et des danseurs. Cette scène est longue et froide. Il y a quelques traits contre les spectateurs assidus de l’Opéra, comme s’il y avait du ridicule à fréquenter les lieux où l’on s’amuse.

Cet étourdi fait place à un autre qui vient consulter Momus. Cette scène est vivement écrite. Momus y compare les comédies modernes à une femme étique et fardée qui vient aux spectacles et aux promenades étaler de belles robes et beaucoup de pierreries qui commencent par éblouir. « On est bien surpris, ajoute-t-il, de ne trouver qu’un spectacle ridiculement déguisé. » De là, il passe à l’application. Point de fond, nulle vraisemblance dans les pièces, mais du clinquant, des situations usées, et quelques maximes retournées dans lesquelles on aperçoit les efforts des auteurs pour montrer de l’esprit.

La scène suivante entre Momus et un libraire étranger ne vaut rien, mais celle d’une jeune et jolie fille qui vient demander des conseils sur les moyens de plaire et sur la conduite