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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/462

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

qu’elle doit tenir avec ses adorateurs a fait beaucoup de plaisir. Momus, après lui avoir dit des choses également ingénieuses et raisonnables, l’avertit d’éviter particulièrement les minauderies. Elles n’embellissent point et refroidissent l’amant. Vous êtes aimable, continue-t-il, ne soyez donc que vous-même.


DesEt l’ingénuité
DesEst la coquetterie
Des premiers jours de la beauté.


La pièce finit par une scène entre Momus, Arlequin et une danseuse. Tout ce que dit Arlequin pour réveiller Thalie ne réussissant pas, la danseuse imagine une pantomime pour le dénoûment, et Thalie est en effet réveillée. C’est pour cette raison que la pièce fut affichée hier le Réveil de Thalie.

Cette petite comédie, donnée sous le nom de M. de Marcouville et à laquelle on croit que l’abbé de Voisenon a beaucoup de part[1], est pleine de traits saillants, d’obscurités et de choses déplacées. Elle a été suivie du plus joli ballet qu’ait jamais fait de Dehesse ; il est intitulé les Bûcherons.

Les comédiens italiens avaient joué quelques jours auparavant une petite pièce en prose intitulée la Feinte supposée. Elle est froide, sans intrigue et mal écrite.

La Découverte de l’île Frivole[2] est, je crois, une plaisanterie de l’abbé Coyer, qui nous a donné l’Année merveilleuse et quelques autres badinages qui ont moins réussi. Il suppose dans sa nouvelle brochure que l’amiral Anson a découvert cette île dans ses voyages, et qu’il a trouvé des mœurs assez singulières. On peint les mœurs, qui se trouvent être précisément les mœurs françaises. Il règne assez de gaieté dans cette satire, mais l’auteur ne voit que les ridicules que tout le monde voit, et il ne les rend que comme tout le monde. Avec plus de réflexion on pourrait mieux voir, et avec plus d’esprit on pourrait mieux rendre.

— J’ai vu deux ou trois exemplaires de deux brochures qui paraissent de très-bonnes mains, et qui feront sûrement beaucoup de bruit si elles se répandent. La première est intitulée

  1. Elle figure au tome Ier des Œuvres de l’abbé, 1781, 5 vol.  in-8.
  2. Réimprimé dans les Bagatelles morales de cet auteur, 1754, in-12.