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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/475

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

personne. Le père, à qui l’on insinue que sa maîtresse déteste les vieillards, s’habille en jeune homme pour lui plaire. Le fils, convaincu que sa jeunesse lui nuira dans l’esprit du père de sa maîtresse, se met en vieillard. Quand, après plusieurs incidents, on vient à les reconnaître, le fils est préféré comme le moins fou, et le père consent, en galant homme, à un mariage qu’il ne peut empêcher. Le premier et le troisième acte de cette pièce sont regardés assez universellement comme mauvais. Le second a réussi par des plaisanteries assez mauvaises en elles-mêmes, mais qui réussissent toujours, contre les médecins. Les amis de l’auteur soutiennent que son comique est dans le goût de celui de Molière ; les indifférents trouvent que c’est du comique bas. On s’accorde assez à trouver la pièce mal écrite et sans esprit. La double extravagance de la pièce consiste, disait hier un plaisant, dans l’auteur de l’avoir faite et dans les acteurs de l’avoir jouée.

— Crébillon fils, le plus voluptueux de nos écrivains, se retire à Sens avec Mlle Stafford, qu’il épousa il y a deux ou trois ans. On ne doute pas qu’il ait imaginé cette retraite pour se débarrasser honnêtement de sa femme. On croit que cette transmigration une fois faite, le charmant auteur de Tanza reviendra prendre à Paris le train qu’il y a toujours mené.

Histoire de la princesse Jaïren, reine du Mexique, traduite de l’espagnol, deux parties[1].

C’est un roman qui ne paraît que depuis deux ou trois jours, et dont voici à peu près l’idée :

Thekela, roi de Taoula, envoie demander en mariage la princesse Jaïren, fille unique de Fardedondac, roi de Tzécuzo. Il a tant de vices et il met tant de hauteur dans ses poursuites qu’il est refusé. Pour se venger de cet affront, il porte la guerre dans le Tzécuzo dont, à force de trahison, il vient à bout de vaincre et de faire périr le roi. La princesse, pour éviter le sort qui la menaçait, se retira à la cour de Mexique où elle fut très-bien accueillie par Izcoalt qui y régnait, et où, par sa beauté et par ses vertus, elle inspira une forte passion à Tobilos, fils aîné du monarque. On était occupé aux préparatifs nécessaires pour la rétablir dans ses États, lorsqu’elle fut enlevée par douze

  1. (Composée par l’abbé Cl.-F. Lambert.) La Haye, 1750, 2 parties petit in-8.