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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/486

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NOUVELLES LITTÉRAIRES

qu’on y trouve quelquefois des injures trop fortes et qu’il y règne un mauvais ton de déclamation.

— On répand depuis hier les Canevas de la Pâris, ou Mémoires pour servir à l’histoire de l’hôtel du Roule[1]. Ce sont les aventures des filles qui peuplent la maison publique qui ait jamais été la plus autorisée dans ce pays. Quoique l’ouvrage soit mal fait, il faut le voir comme un ouvrage qui fait du bruit.

M. de Voltaire qui, à la honte de la France, vient de se fixer à Berlin, passa, en allant de France en Allemagne, par Fontenoy. Le souvenir de la sanglante bataille qui s’y est livrée de nos jours lui inspira l’impromptu suivant :


Rivages teints du sang que répandit Bellone,
Qu’yVastes tombeaux de nos guerriers,
J’aime mieux les épis dont Cérès vous couronne
Que des moissons de gloire et de tristes lauriers.
Fallait-il donc, grands dieux, pour un maudit village,
Voir couler plus de sang qu’aux champs du Simoïs ?
Ah ! ce qui paraît grand aux peuples éblouis
Qu’yEst bien petit aux yeux du sage.


LXXVII

7 septembre 1750.

L’Académie française s’assembla, selon l’usage, le 25 août, jour de la Saint-Louis. M. Chabaud, de l’Oratoire, remporta le prix de prose avec le plus plat discours qui ait jamais été fait. L’ode du chevalier de Laurès, à qui l’on adjugea le prix de poésie, vaut beaucoup mieux, quoiqu’il y ait bien du verbiage. M. Duclos lut un morceau sur les gens aimables, c’étaient des plaisanteries moitié ingénieuses et moitié burlesques sur le bon ton, sur le persiflage et sur la méchanceté de société. La multitude trouva cela très-beau, mais les gens de goût y virent beaucoup d’ex-

  1. À la porte Chaillots, d. (1750), in 8, frontispice gravé. Attribué à Rochon de Chabanne et à Moufle d’Angerville, qui furent tous deux envoyés à la Bastille pour cette publication.