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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 1.djvu/487

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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

pressions basses, d’idées fausses, un défaut sensible de suite et de logique. M. de Marivaux a fait un parallèle de Corneille et de Racine, qui sera bientôt imprimé et qui sera un ouvrage considérable. Il doit mettre à la tête un discours dans lequel il examine pourquoi on respecte moins les grands écrivains que les philosophes, Corneille, par exemple, moins que Descartes. Il y a un an qu’il lut la moitié de ce discours à l’Académie ; il a voulu lire la suite, et n’a pas été écouté.

Le prédicateur de l’Académie française a été cette année l’abbé de Boismont. Son panégyrique de saint Louis a eu le plus grand succès. J’y ai trouvé plus d’esprit que d’éloquence, plus d’art que de naturel. Tel qu’il est, c’est un des meilleurs que nous ayons sur cette matière. M. Gresset devait lire deux nouveaux chants de son Vert-Vert ; mais, toutes réflexions faites, il n’en a rien fait.

— J’ai eu l’honneur de vous parler, dans ma dernière lettre, de deux brochures dont l’une était intitulée la Voix du prêtre, et l’autre le Babillard[1]. Un prêtre nommé Constantin, chapelain des religieuses de Bellechasse, qui en est l’auteur, a été mis à la Bastille. — On vient de traduire en français l’Histoire nouvelle de l’Irlande de M. Anderson[2] ; comme vous connaissez ce livre, je ne vous en parle pas. — Les Mémoires de Versorand[3] sont un roman en six petits volumes, qui paraît depuis cinq ou six jours. J’y ai trouvé quelques bonnes plaisanteries et beaucoup de mauvaises ; un style facile, mais souvent plat et presque toujours incorrect, beaucoup de diversité et point de suite ni de but.

J’ai eu l’honneur, dans ma dernière lettre, de vous entretenir de nos meilleurs peintres, je vais entamer aujourd’hui nos sculpteurs et nos graveurs dans l’ordre où le public les range.


SCULPTEURS.

Bouchardon est un sculpteur égal, peut-être, aux meilleurs

  1. Raynal n’a pas parlé de cette seconde brochure, imprimée à la suite de la première et dont le titre (Le B) avait été traduit par le Baillon. Voir la longue et intéressante note de Barbier à B (le).
  2. (Traduit par Sellius.) Paris, 1750, 2 vol.  in-12.
  3. (Par H.-F. de La Solle.) Amsterdam. [Paris], 1750, 6 parties in-12. Réimprimé sous le titre du Petit Faublas, ou le Libertin devient philosophe.