Si vous voulez souscrire, envoyez-moi vos ordres ; il ne faut donner d’abord que soixante livres, et le reste à mesure qu’on recevra les volumes.
— Comme Piron était désigné en quelque manière pour remplacer l’abbé Terrasson à l’Académie française, le poëte Roy, qui a toujours la fureur de médire, a lâché les épigrammes suivantes. Il paraît que les arrangements sont faits pour écarter Piron de l’Académie et y admettre le marquis de Bissy.
Le public accueille la veine,
Et tu veux que ce seul Mécène
Fasse pour toi les premiers pas
Vers messieurs de la Quarantaine :
Pauvre Piron, garde ta peine,
Le public ne les connaît pas.
Ne pouvant pas vous défaire
De l’impétueux Voltaire,
Dont tant de fous sont l’appui,
Prenez Piron pour confrère,
Vrai dogue à lâcher sur lui.
Depuis trente ans Piron les mord,
Piron en bons mots si fertile ;
Que ne l’ont-ils reçu d’abord ?
Mais enfin ils sentent leur tort :
Leurs jetons vont calmer sa bile ;
C’est le gâteau de la sibylle :
Cerbère le gobe, et s’endort.
Dans l’œuvre[1] avec un duc siège son épicier ;
Tous deux également le curé les encense,
Honneur qui des bourgeois flatte l’orgueil grossier ;
Mais va-t-il au seigneur tirer sa révérence :
L’antichambre ou l’escalier,
Au confrère marguillier.
Telle est l’égalité complète
Entre vous, beaux esprits jurés,
Et les prélats et gens titrés
Dont vous aimez à faire emplette.
- ↑ Au banc d’œuvre.