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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/487

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Jupin courut l’adroite fugitive
Fit un faux pas, son urne répandit,
Et la blancheur est toujours demeurée
En cet endroit de la voûte azurée…

Lettres de la comtesse de*** au chevalier de ***. Brochure in-8o.

« On présume, dit-on dans un petit avertissement, que ces Lettres ont été écrites pendant les élections de Paris ; il paraît qu’il en manque plusieurs, c’est véritablement une perte. »

Ces Lettres, que l’on a attribuées à M. le comte de Lameth, ensuite à M. de Vaines[1], peignent avec autant de malice que de légèreté la nouvelle espèce de ridicules que l’effervescence actuelle des esprits vient de mettre à la mode. Il y a dans ce petit écrit de la gaieté, de la grâce et surtout un excellent ton. Ce n’est que par des citations qu’on peut donner quelque idée d’un ouvrage de ce genre.

« Savez-vous que depuis que vous êtes dans le parti du tiers, je ne gronde plus mes gens ? »

« Mme de*** arrive chez moi ce matin, et de la porte elle me crie : « Je n’ai qu’un instant pour vous faire mon compliment. C’est un héros. Il a déclaré formellement qu’il renonçait à tout privilège pécuniaire. Il a été applaudi avec transport ; il a entraîné l’Assemblée… » et elle s’enfuit. Que signifie ce discours ? Il m’a jetée dans une inquiétude mortelle. Quels sont donc ces privilèges auxquels vous avez renoncé ? Je ne vous en connais d’autre que d’emprunter et de ne pas payer. J’avoue qu’il est grand, mais c’est par cette raison qu’il faut le garder. Vous ne recevez de votre famille qu’une pension fort modique ; votre frère aîné aura tout, et il n’y a que vos créanciers qui puissent vous donner. Prenez-y garde, chevalier, vous avez dans l’âme une noblesse que vous poussez quelquefois trop loin. La générosité est très-louable, mais il ne faut pas se ruiner, et c’est une bienfaisance exagérée que de se priver de tout pour soulager le peuple. »

Voici un portrait dont on n’a pas manqué de reconnaître le modèle, Mme la comtesse de T.[2].

  1. Ces lettres sont en effet reproduites dans le Recueil de quelques articles tirés de différents ouvrages périodiques (an VII, 1799, tiré à 14 exemplaires) où de Vaines a rassemblé ses principaux opuscules.
  2. En parlant du voyage que cette dame fit il y a quelques années en Italie