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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/488

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« Cette femme est réellement extraordinaire. Imaginez que depuis vingt ans elle s’occupe de constitution, qu’elle a prédit tout ce qui arrive, qu’elle verserait jusqu’à la dernière goutte de son sang pour que son plan fût exécuté. Son corps est faible, sa poitrine est allumée, ses nerfs sont misérables ; son âme remédie à tout, suffit à tout. Si l’on m’en croyait on lui érigerait une statue ; mais avant tout c’est la vôtre qu’il faut élever : en attendant, votre buste est chez moi à côté de celui de Masselin[1], et vous avez un autel dans mon cœur. »

« C’est une idée très-grande et qui doit faire un éternel honneur que celle que vous avez fait adopter à votre Assemblée de donner l’armée aux états généraux. Ce sera vraiment un spectacle patriotique lorsque les curés et les avocats feront la revue des troupes. Je crois qu’il y a quelque chose de cela dans Candide. »

« Je vous en conjure, n’oubliez pas d’insister dans vos cahiers sur le divorce. Je n’ai jamais aimé mon mari. Il n’a qu’un bon sens très ordinaire, cet assujettissement à l’ordre qui rend un intérieur fort insipide, et une crainte de toute nouveauté qui atteste la médiocrité. D’ailleurs il n’admet point le principe de l’égalité, ce qui gêne ma dépense, et il m’a toujours contesté ma liberté individuelle, etc. »

Tablettes d’un curieux, ou Variétés historiques, littéraires et morales[2]. Deux volumes in-18. On ignore le rédacteur de ces nouveaux mélanges. Le plus grand nombre des morceaux qu’on y a recueillis avaient déjà paru dans différents ouvrages périodiques, mais il en est quelques-uns cependant qui n’étaient guère connus et qui méritaient de l’être, tels que l’éloquent Discours de feu l’abbé Arnaud sur Homère, le Dialogue sur les femmes de feu l’abbé Galiani, où l’on retrouve toute la folie et toute l’originalité de son imagination ; l’intéressant Mémoire de Louis XIV à Monseigneur le Dauphin, rédigé par Pellisson ; une Lettre assez curieuse sur le comte de Hodiz, cet homme singulier qui avait fait de la terre qu’il habitait en Moravie une espèce

    pour voir le mont Vésuve, M. le chevalier de Boufflers disait : « C’est une politesse de volcan à volcan. » (Meister.)

  1. Un des plus vigoureux défenseurs de la liberté publique dans les états de 1484, sous Charles VIII. (Id.)
  2. Par Sautreau de Marsy.