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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/489

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d’Opéra perpétuel. Tout dans le lieu de sa résidence était disposé pour des représentations théâtrales et pastorales ; il avait fait de ses domestiques et de ses vassaux des acteurs, des musiciens, des danseurs ; et à soixante-dix ans, avec la goutte et la pierre, il ne paraissait encore occupé que des divertissements dont il s’était formé une si douce habitude.



JUILLET.

— Le mardi 2 juin, on a donné sur le théâtre de l’Opéra la première représentation des Prétendus, comédie lyrique en un acte. Les paroles sont de M. Rochon de Chabannes, la musique de M. Le Moyne, connu avantageusement par celle de l’opéra de Phèdre.

Le fond de cette petite comédie lyrique n’est pas neuf sans doute[1], et M. Rochon de Chabannes a eu soin de l’avouer dans un avertissement qu’il a mis à la tête du poëme ; mais ce qui lui appartient dans ce petit ouvrage, c’est la manière tout à fait heureuse dont il a conçu la scène. Tous ceux qui jusqu’à présent avaient donné sur ce théâtre des ouvrages comiques n’avaient pas su éviter la monotonie des longs dialogues, ralentis encore par la marche d’un récitatif qui ne peut être accentué et varié comme celui de la tragédie. M. Rochon a sauvé ce défaut en coupant ce qui nécessairement devait être en récitatif par des duos, des trios ou des morceaux d’ensemble qui, variant avec adresse le mouvement musical de la scène, l’ont fait paraître plus rapide et dissimulé souvent les longueurs qu’on aurait pu reprocher d’ailleurs au poëme. Le musicien a très bien saisi les intentions du poëte, et cette nouvelle composition de M. Le Moyne ne laisserait peut-être rien à désirer, si les motifs du petit nombre d’airs proprement dits qui se trouvent dans cet ouvrage étaient plus heureux ou mieux développés.

Observations faites dans les Pyrénées, pour servir de

  1. Il est pris, pour ainsi dire, tout entier dans une pièce donnée sur le théâtre des Grands Danseurs, sous le même titre, et c’est évidemment la Fausse Agnès de Destouches qui en a fourni la première idée. (Meister.