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Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 15.djvu/490

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suite à des observations sur les Alpes, insérées dans une traduction des Lettres de W. Coxe sur la Suisse. Deux volumes in-8o, par M. Ramond de Carbonnières, le même dont il est souvent question dans les mémoires du malheureux procès de M. le cardinal de Rohan ; il était alors secrétaire de Son Éminence, qui l’avait fait entrer dans le corps des gendarmes de la garde du prince de Soubise. Il s’est brouillé depuis avec son protecteur ; a-t-il eu tort ou raison, je l’ignore ; mais à qui peut juger de ses sentiments par ses ouvrages, il est impossible de suspecter la délicatesse de sa conduite et de ses procédés : il n’a rien écrit qui ne porte l’empreinte d’une âme très-élevée et très-sensible.

Plusieurs végétaux, tels que le sapin, la lauréole odorante, la gentiana-verna, l’aconit-napel, etc., ont fourni à l’auteur des indications sur le degré de hauteur des montagnes où il les a trouvés, les uns par la diversité de leur taille, par le temps de leur floraison, d’autres encore par leur seule présence, et il en déduit cette conséquence générale que la disposition des végétaux sur le penchant des montagnes obéit principalement à la température de leurs différentes zones.

M. Ramond a trouvé l’isard un peu plus petit et d’une couleur moins claire que le chamois des Alpes ; il le croit aussi moins fort et moins agile.

L’ours, commun dans les cantons des Pyrénées où les forêts ne sont pas détruites, est moins féroce que celui de la Suisse ; les troupeaux y sont moins fiers.

Les cagots ou capots, les goîtreux ou les crétins des Pyrénées, que l’auteur fait descendre des Goths, tiennent, selon lui, leur imbécillité du sort de leur race et non des vallées qu’ils habitent ; cette race, réputée infâme et maudite, et partout désarmée, ne peut exercer que de certaines professions ; la misère et les maladies en sont le constant apanage ; elle est connue en Bretagne sous le nom de cacous, dans l’Aunis sous celui de coliberts, cahets en Guyenne, enfin caffos dans les deux Navarres.

« Je comprendrai fort bien, dit M. Ramond, que les Visigoths, tous ariens, ayant été pour les Gaulois et les Francs un objet de scandale et d’aversion, ont pu dès le temps de Childéric Ier être nommés cagots, cahetz, caffos, c’est-à-dire, selon M. de Gébelin, ladres et infects, car on n’a pas attribué le parfum à la sainteté, sans réserver l’infection à l’hérésie. Je comprendrai également