Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/157

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raient être un des plus grands livres et des plus intéressants dont un homme de génie pût enrichir notre siècle. Mais l’homme que je demande n’est certainement pas M.  Robert de Vaugondy, quoiqu’il vienne de publier des Institutions géographiques en un gros volume grand in-8o de près de quatre cents pages, et qu’il soit d’ailleurs qualifié de géographe ordinaire du roi et du feu roi Stanislas de Pologne. Il a beau expliquer la sphère, traiter des pôles et des zones, je vous jure qu’il ne se doute pas de l’influence de tel vent, de telle montagne, de telle forêt, de tel fleuve sur les mœurs, le génie, la morale, les préjugés, le gouvernement d’un peuple ; et lui, M.  Robert de Vaugondy, et le récollet Fortunato Felice, et bien d’autres plus merveilleux qu’eux, seraient fort ébahis de voir des institutions géographiques devenir un cours de morale et de politique.

— Le Recueil nécessaire ne consiste que dans un seul volume grand in-8o qui porte sur le titre le nom de Leipsick et l’année 1765. Ce volume a trois cent dix-huit pages. On y trouve d’abord une analyse de la religion chrétienne, attribuée par les éditeurs à Dumarsais. On m’a assuré que ce morceau se trouve depuis plusieurs années dans le portefeuille des curieux en manuscrit. Je ne l’avais jamais vu. Je ne sais s’il est effectivement de Dumarsais, mais je pense que le patriarche l’a au moins fortement retouché. On y lit ensuite le Vicaire savoyard, tiré de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau. Ensuite le Catéchisme de l’honnête homme, ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien. Ensuite le Sermon des cinquante, prononcé à Berlin pendant le séjour du patriarche à la cour du roi de Prusse. Le patriarche prétend que ce monarque lui avait promis d’abolir la religion chrétienne dans ses États, et qu’il lui a manqué de parole ; c’est là son grand grief contre le philosophe couronné. Après le sermon, on lit l’Examen important, par milord Bolingbroke. Cet examen est tout entier du patriarche, et c’est un traité complet de près de cent quarante pages. Il contient l’histoire du christianisme depuis son origine jusqu’aux temps de Théodose, avec un examen très-naïf et très-impartial des preuves sur lesquelles se fondent ses défenseurs, et de la conduite que ses sectateurs ont tenue dans tous les temps. C’est toujours milord Bolingbroke qui parle et qui écrit pour les Anglais. Après ce traité intéressant, on lit une lettre de ce même milord Boling-