Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/158

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broke à milord Cornsbury, son ami, dans laquelle il épluche un peu les apologistes de la religion chrétienne du siècle précédent, comme Pascal, Abadie et surtout le célèbre Grotius avec son traité de la Vérité de la religion chrétienne ; cet illustre savant y est assez malmené. Le Recueil nécessaire est terminé par un Dialogue du douteur et de l’adorateur ; un autre entre Épictète mourant et son fils, et enfin des Idées détachées tirées de La Mothe Le Vayer. Je n’ai pas les ouvrages de celui-ci assez présents pour savoir si ces idées lui appartiennent effectivement. Elles ressemblent assez à ses opinions par le fond, mais le style me fait croire que la rédaction en appartient au patriarche. Quant aux dernières paroles d’Épictète à son fils sur la secte naissante des chrétiens, c’est un beau sujet bien manqué. Il n’y a ni gravité, ni dignité, ni même philosophie dans ce morceau. Cela est écrit sans soin, comme cela s’est présenté au bout de la plume, et comme il arrive presque toujours au patriarche de faire depuis nombre d’années ; mais il n’était pas en train, comme on dit, quand il a écrit ce dialogue, qui, d’ailleurs, n’était pas une affaire de verve et de folie, comme une lettre de Covelle, mais de philosophie sérieuse : car le personnage d’Épictète, conversant dans ses derniers instants avec son fils, est trop grave et trop important pour le faire jaser d’une manière aussi frivole et aussi superficielle. Le grand défaut du Recueil nécessaire, c’est le rabâchage : chaque morceau dont il est composé n’est pour ainsi dire que la répétition du même fond d’idées qui se trouve dans les autres. Le zèle apostolique dont le grand patriarche est possédé lui fait regarder toutes ces répétitions comme très-utiles au progrès de la raison, parce qu’il est des esprits lents qui ne sentent la force d’un argument qu’à force de le remâcher ; mais en ce cas il ne faut pas ramasser tous ces morceaux dans le même recueil, sans quoi la lecture en devient à la longue fastidieuse. Au reste, après le Christianisme dévoilé, tout ce Recueil nécessaire n’est que de l’eau de rose.

— On prétend qu’il vient de sortir de la même fabrique trois dialogues imprimés dont le sujet promet de l’intérêt[1] : le premier, entre le comte de Lally et Socrate ; le second, entre

  1. Ces dialogues sont inconnus.