Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/159

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Érostrate, qui brûla le temple de Diane, et cet infortuné chevalier de La Barre, décapité il y a trois mois à Abbeville par arrêt du Parlement, pour avoir passé à vingt-cinq pas de la procession du saint sacrement sans ôter son chapeau ; le troisième, entre M. de La Chalotais et Caton. Je ne dis pas que ces titres ne ressemblent aux rubriques de la fabrique, mais je n’ai encore rencontré personne de ma connaissance qui ait vu ces trois dialogues.

— On vient d’imprimer une épître en vers assez considérable, de feu M.  Guymond de La Touche, auteur d’une tragédie d’Iphigénie en Tauride qui eut du succès, il y a huit ou neuf ans, mais sans rester au théâtre. Cette épître a pour titre les Soupirs du Cloître, ou le Triomphe du fanatisme[1]. L’auteur avait été jésuite, et cette célèbre société n’est pas flattée dans ses vers. Cet ouvrage manque de facilité et de grâce. On le lit sans intérêt et sans attrait, J’en dis autant de l’Épître à l’amitié, qui était connue et qu’on a mise à la suite. M.  Guymond de La Touche est mort il y a déjà quelques années à la fleur de son âge.

M.  Contant d’Orville est arrivé depuis quelque temps de Russie avec le projet de s’enrichir en faisant le métier d’auteur. Je crains qu’il n’ait fait une mauvaise spéculation. Il a débuté par publier un Voltaire portatif, c’est-à-dire une compilation de différents passages des écrits de cet illustre philosophe rangés sous différents titres. Il vient de donner deux romans pleins de catastrophes et d’événements tragiques. L’un s’appelle la Destinée, ou Mémoires de lord Kilmarnof, traduit de l’anglais de miss Woodwill. Deux parties. L’autre est le Mariage du siècle, ou Lettres de madame la comtesse de Castelli à madame la baronne de Fréville. Deux parties aussi. M.  Contant d’Orville est arrivé de quarante années trop tard. Les lecteurs les plus oisifs et les plus frivoles sont devenus difficiles à proportion que le goût public s’est perfectionné.

M.  Hardion, ancien maitre d’histoire de Mesdames de France, garde des livres du cabinet du roi et l’un des Quarante de l’Académie française, est mort au commencement de ce mois dans un âge fort avancé. Ce M.  Hardion était un de ceux dont Piron disait autrefois : « Savez-vous bien que ces Quarante ont

  1. Londres, 1765, in-8o.