Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/160

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de l’esprit comme quatre ? » Il a écrit une Histoire à l’usage des enfants de France. Ah ! quelle histoire et quel précepteur ! Ce que M.  Hardion a fait de plus mémorable dans sa vie, c’est de laisser une place vacante à l’Académie pour M.  Thomas ; encore ne s’en est-il avisé que le plus tard qu’il a pu.

— L’infatigable et redoutable M.  Eidous vient de publier une Histoire naturelle et civile de la Californie, enrichie de la carte du pays et traduite de l’anglais. Trois volumes in-12, chacun de près de quatre cents pages. Cette histoire mérite d’être recherchée parce qu’elle est la seule que nous ayons d’un pays digne de notre curiosité à divers égards, et entre autres par les établissements que les jésuites y ont faits à l’imitation de leurs établissements au Paraguay. C’est bien dommage que M.  Eidous soit un si horrible charpentier. Il pourrait être utile s’il avait un peu de correction et qu’il voulût prendre soin de ses traductions. Je crois qu’il ne lui faut que quinze jours pour traduire un volume, et il n’y a rien qui n’y paraisse, car ce qu’il fait est à peine lisible. L’abbé Prévost traduisait aussi à la toise ; c’était un Cicéron auprès de cet Eidous, qui nous assommera cet hiver sous le poids de ses volumineuses productions.

— Je soupçonne aussi M.  Eidous de nous avoir affublés d’une nouvelle traduction du roman anglais de Lucie Wellers, que M.  le marquis de La Salle avait traduit et publié, il y a trois ou quatre mois. Apparemment que M.  Eidous, gagné de vitesse par son rival, n’a pas voulu perdre un travail trop avancé. Les deux traducteurs écrivent aussi bien l’un que l’autre, et l’original qu’ils ont choisi méritait à peine les honneurs de la traduction.

M.  Guyard de Berville a rajeuni, il y a quelques années, le style de l’histoire du célèbre chevalier Bayard. Il vient de donner l’Histoire de Bertrand du Guesclin, comte de Longueville, connétable de France, en deux volumes in-12, faisant ensemble plus de douze cents pages. On ne peut reprocher à M. Guyard de Berville le choix de ses sujets. Le chevalier Bayard et Bertrand du Guesclin étaient des sujets dignes de Plutarque. Je me suis fait représenter l’extrait baptistère de M. Guyard de Berville dans l’espérance de lui trouver Plutarque pour parrain ; mais je me suis trompé.

— Il vient de paraître, en pays étranger, sous le titre de la