Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/161

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ville de Liége, une rapsodie intitulée Mémoires de madame la marquise de Pompadour, écrits par elle-même. Cela n’est pas même assez bon pour pouvoir être attribué au grand Maubert, ex-capucin et protonotaire privilégié et expert pour les Testaments et Mémoires politiques posthumes des princes, ministres, maîtresses et autres personnes d’État. Un polisson qui aurait passé sa vie dans les cafés de Paris, et ramassé les ouï-dire qui s’y débitent, aurait fait un chef-d’œuvre en comparaison de cette pitoyable rapsodie, qui ne peut servir qu’à l’amusement des antichambres.

M.  Tannevot, qui se qualifie d’ancien premier commis des finances, vient de publier ses Poésies direrses en trois petits volumes. Ces enfants de son loisir ne demandent qu’à vivre à nos dépens, et, si nous y consentons, ils auront bientôt frères et sœurs. M.  Tannevot s’est essayé dans tous les genres, depuis la tragédie jusqu’à l’impromptu. Il faut faire relier les poésies de M.  Tannevot avec les poésies de M.  de Chenevières, premier commis de la guerre, et présenter requête à nos ministres pour qu’ils emploient mieux leurs commis et ne leur ménagent pas un loisir qui ne sert qu’à ennuyer le public.

M.  Mercier, qui, pour n’être pas premier commis, n’en est pas moins obscur, vient de faire imprimer une Histoire d’Izerben, poëte arabe. Traduction prétendue de l’arabe, Volume in-12 de plus de deux cents pages. M.  Mercier a voulu représenter un poëte dans différentes situations, et en saisir le ridicule sans fiel et sans aigreur. Ainsi le poëte arabe a tous les accidents d’un poëte français. M.  Mercier est un plat et insipide satirique. Il nous menace de l’Histoire d’un philosophe arabe, Ce sera bien pis encore.

— Si nous ne devenons pas savants, il y aura du malheur, et ce ne sera pas faute de secours. M.  l’abbé Lyonnais, dont je n’ai jamais entendu parler, tend à notre ignorance une main secourable. Il propose par souscription des Tablettes historiques, généalogiques et chronologiques de tous les pays et de tous les peuples. Il compte renfermer toutes ces connaissances en cent cartes gravées, chacune de deux pieds de hauteur, sur lesquelles on trouvera, dans un grand cartouche orné de figures historiques, une description géographique et un précis historique du pays dont il sera question, des mœurs et des coutumes de ses