Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/163

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le pays où la vérité siège à côté du bonheur et où les marabouts ne soient pas des marabouts, c’est-à-dire où les prêtres ne soient ni fripons ni menteurs, le philosophe lui sera très-obligé d’en publier la carte au plus vite, car ce sera à coup sûr une découverte dont il aura enrichi la géographie.

M.  Sigaud de La Fond est de ce nombreux détachement de maîtres de physique qui se trouvent dans Paris, et qui sont obligés de reconnaître l’abbé Nollet pour leur ancien. Ces messieurs font pendant l’hiver des cours publics de physique expérimentale avec plus ou moins de succès, suivant qu’ils ont plus ou moins de protection ou de charlatanisme. Autrefois beaucoup de femmes assistaient à ces cours ; mais la mode en est passée, et d’autres enfantillages ont pris la place de celui-là. M.  Sigaud de La Fond vient de publier ses leçons de physique expérimentale en deux volumes in-12, avec des figures, faisant ensemble plus de neuf cents pages. Il espère sans doute, par cette impression, donner plus de vogue à ses cours.

— On nous a envoyé de Suisse des Essais sur l’esprit de la législation favorable à l’agriculture, à la population, au commerce, aux arts, aux métiers, etc. Deux volumes grand in-8o faisant ensemble près de six cents pages. Ces Essais sont des pièces couronnées par la Société économique de Berne. On trouve dans toutes ces pièces du raisonnement, des connaissances et même des lumières ; mais c’est une étrange folie que de croire que tous ces bavardages des sociétés d’agriculture érigées depuis peu dans les quatre coins de l’Europe puissent jamais influer sur l’amélioration de la culture d’un pays. Je lis dans ce recueil qu’il faudrait établir des chaires d’agriculture dans les universités, et obliger les jeunes gens, surtout ceux d’entre eux qui se destinent à la théologie, d’assister à ces leçons. Quel plat et impertinent bavardage ! Vous verrez que c’est dans le cabinet d’un professeur que s’apprendra le labourage, et que, si la culture souffre dans un pays, c’est parce que le cultivateur n’entend pas son métier et qu’il a besoin de son curé pour savoir conduire sa charrue.