Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/174

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qu’il ressemble au roman théologique de Candide, il ne manquera pas d’être édifiant. Il a aussi, dans une nouvelle édition que nous ne connaissons pas, augmenté du double le Commentaire sur le Traité des Délits et des Peines ; mais il ne paraît pas que les trois dialogues dont j’ai eu l’honneur de vous parler aient jamais existé.

— Comme nos Académies sont en usage de célébrer la fête du roi, il nous revient tous les ans un panégyrique de saint Louis, prêché devant l’Académie française, et un autre devant les Académies des sciences et des belles-lettres réunies. C’est un présent dont nous nous passerions fort bien. L’année dernière, c’était M.  l’abbé Le Cren qui prêcha devant l’Académie française[1] ; cette année, ç’a été M.  l’abbé de Vammale, secrétaire de l’archevêque de Toulouse[2]. M.  l’abbé Planchot a prêché devant l’Académie des belles-lettres et des sciences. Tous les ans on dit, de fondation, que le panégyrique de saint Louis a été très-beau, et tous les ans c’est un verbiage que personne ne regarde. Saint Louis y est prôné comme un des plus grands rois qui aient jamais été. Je pense que l’auteur de l’écrit Des Commissions en est bien convaincu, et qu’à son avis le siècle de saint Louis est un très-beau siècle. Il ne faut pas disputer des goûts. Les Français disent que si ce grand roi a été entraîné par les erreurs de son siècle, il en a préparé un meilleur. Quelle préparation et quel préparateur ! Qu’ils fassent donc une bonne fois le parallèle de ce benêt couronné avec Gustave Wasa ou Pierre le Grand, qui ont aussi préparé, quoique M. l’abbé Le Cren et M.  l’abbé Planchot n’aient pas encore prononcé leur panégyrique.

Mme  Riccoboni vient de nous faire présent d’un nouveau roman en deux parties, intitulé Lettres d’Adélaïde de Dammartin, comtesse de Sancerre, à M.  le comte de Nancé, son ami. C’est toujours le style et la manière de Mme  Riccoboni. Cette manière est pleine de grâces et d’agréments. Un style rapide, léger, concis ; des réflexions souvent vraies, toujours fines. Mais il faut convenir aussi que le fond de ce roman est peu de chose, que la fable n’en est pas très-heureuse, et que la lecture

  1. Son Panégyrique a été imprimé, 1765, in-12.
  2. 1766, in-8o.