On eût trouvé Cythère !
Dans les frimas
De ces climats,
Christine nous enchante ;
Et tous les lieux
Où sont ses yeux
Font la zone brûlante.
L’astre du jour
À ce séjour
Refuse sa lumière ;
Et ses attraits
Sont désormais
L’astre qui nous éclaire.
Le soleil luit ;
Des jours sans nuit
Bientôt il nous destine ;
Mais ces longs jours
Seront trop courts
Passés près de Christine.
Le mausolée qui a donné lieu à cette petite digression est de M. Huez, de l’Académie royale de sculpture. Ce monument ne rendra pas à M. Huez l’immortalité qu’il donne au père de Maupertuis. Il y a là un ange gardien des cendres de M. Moreau qui a l’air plus lourd et plus paysan qu’un chantre d’une paroisse de village. Sa draperie est aussi lourde que toute sa figure, qui est de proportion colossale.
— M. Léonard vient de publier des Idylles morales[1], en vers, au nombre de six. Le but de l’auteur était de peindre les premiers sentiments doux et honnêtes de la nature, comme l’amour avec toute son innocence, l’amour filial, etc. On dit que M. Léonard est jeune, et qu’il mérite d’être encouragé ; moi, au contraire, je trouve qu’il mérite d’être découragé. Puisqu’il est jeune et honnête, il mérite qu’on l’empêche de se livrer à la poésie. Pour être poëte, il ne suffit pas d’avoir des sentiments honnêtes, il faut encore un talent décidé. Dans le genre de poésie où M. Léonard s’est essayé, il faut une facilité et une
- ↑ Paris, Merlin, 1766, in-8o.