Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/195

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de prouver que de tout temps les hommes avaient été prêchés inutilement par toute espèce de bavards, et qu’il n’y a de prédicateur efficace que le gouvernement : beau sujet digne d’une meilleure plume ! Comme M.  l’abbé Coyer s’est permis quelques plaisanteries, il a eu le malheur de scandaliser le nommé Joseph-Romain Joly, qui a publié une Histoire de la prédication, ou la Manière dont la parole de Dieu a été prêchée dans tous les siècles. Ouvrage utile aux prédicateurs, et curieux pour les gens de lettres. Gros volume in-12. M.  Joseph-Romain Joly prouve dans cette fastidieuse compilation que la prédication a toujours fait tous les biens imaginables, et qu’elle n’a cessé d’opérer des conversions jusqu’à M.  Joseph-Romain Joly inclusivement : ce qui n’empêche pas M.  Joly d’être un écrivain ennuyeux et plat qu’il est impossible de lire.

Controverse sur la religion chrétienne et celle des mahométans, entre trois docteurs musulmans et un religieux de la nation maronite. Ouvrage traduit de l’arabe par M.  Le Grand, secrétaire général, interprète du roi pour les langues orientales. Volume in-12. Ce titre annonce un ouvrage très-curieux. On croirait y trouver d’abord les grandes difficultés que les mahométans opposent au christianisme ; mais on n’y trouve qu’un Maronite aussi plat que M.  Joseph-Romain Joly.

M.  Requier est traducteur d’italien d’office comme M.  Eidous est traducteur d’anglais ; mais M.  Requier s’acquitte un peu mieux de son devoir que M.  Eidous. C’est lui qui publia successivement la traduction des Memorie recondite di Vittorio Siri, qui s’est si bien vendue à Paris. M.  Requier vient de traduire du latin l’Esprit des lois romaines, ouvrage de Jean-Vincent Gravina. Trois volumes in-12 assez considérables. Gravina était un grand et savant homme. Il était le maître du célèbre Metastasio et de presque tous les gens de mérite du même âge. Il disait quelquefois à ceux de ses élèves qu’il honorait de sa confiance : « Mes enfants, ne parlez jamais de religion ; vous savez ce qui est arrivé à Notre-Seigneur pour avoir voulu en parler. » Son ouvrage sur les lois romaines est regardé par les savants comme un grand livre ; mais ce n’est point du tout un livre de toilette et d’amusement. Aussi était-il très-inutile de le traduire, et ceux qui ne peuvent le lire en latin n’en ont certainement pas besoin. Il ne m’est pas même bien dé-