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Connaissance des temps pour l’année bissextile 1768, publiée par l’ordre de l’Académie royale des sciences, et calculée par M.  de La Lande, membre de cette Académie. Volume in-12. On trouve à la suite de ces tables une liste de tous les membres de l’Académie royale des sciences, avec les noms des correspondants de cette compagnie célèbre, et les noms des académiciens avec lesquels ils sont en commerce.

Le Pucelage nageur[1] est un conte en vers, libertin, ordurier, bête, plat, insipide, d’un ton détestable. L’auteur anonyme le vend quinze sols. Il lui faudrait autant de coups de bâton que de sols, et ce serait encore récompenser bien faiblement son talent et sa peine.


15 décembre 1766.

M. l’abbé de Mably a fait réimprimer cette année ses Observations sur l’histoire de la Grèce, ou Des Causes de la prospérité et des malheurs des Grecs. Volume in-12 de plus de trois cents pages. C’est le premier ouvrage de cet écrivain, qui est un peu ennuyeux de son naturel, mais qui ne manque pas d’ailleurs de mérite. Les changements considérables qu’il a faits dans cette édition en font presque un ouvrage nouveau. Je ris d’un auteur se promenant en petit collet dans les rues de Paris, qui, du fond de son cabinet, vous déduit gravement et froidement les causes de prospérité ou de malheurs d’un peuple qu’il ne connaît que par ses livres. Mon ami, si tu avais un peu vécu en Grèce, tu rirais comme moi de tes billevesées. Sais-tu ce qu’il a fallu pour opérer la prospérité ou le malheur des Grecs ? Tout ce qui a existé en Grèce. Sais-tu ce qui fait en ce moment la prospérité ou le malheur de la France ? Tout ce qui y existe, depuis Louis XV jusqu’au frotteur du château de Versailles, avec tout ce qui existe dans le reste de l’Europe, et qui réagit sur la France. Ote-moi un seul valet de chambre de l’appartement d’un ministre, et il existera un ordre de choses différent. Qu’un auteur entreprit d’indiquer les principales causes des événements de son temps, on pourrait supposer qu’il a été à portée de voir ce que d’autres n’ont pas vu, qu’il a surtout étudié

  1. Par (Cailhava d’Estandoux), Paris, 1766, in-8o, titre gravé.