Aimeraient mieux qu’ici tu fisses ton séjour.
Je sais que maint dévot offre au ciel ses prières
Pour ton salut, qui ne t’occupe guères :
Ton vieux curé consent à ne te voir jamais ;
Et s’il forme quelques souhaits,
C’est que tu restes à Versailles,
Où, pour toi, le dieu des batailles
Est devenu le dieu de paix.
Amen ! Ainsi soit-il ! Si pourtant chaque année,
Choiseul, tu pouvais une fois
Quitter le plus chéri des rois
Qui t’a fait son âme damnée,
Viens te montrer en ces saints lieux,
Viens un peu changer d’eau bénite ;
Mais surtout retourne bien vite
Exorciser tes envieux.
— La tragédie de Guillaume Tell a donné lieu à M. le baron de Zurlauben, officier dans les gardes-suisses, d’adresser une lettre à M. le président Hénault sur la vie de ce prétendu fondateur de la liberté helvétique. C’est un précis tiré des anciennes chroniques du pays, qui n’apprend rien de nouveau, sinon que, si M. de Zurlauben écrit le français comme un Suisse, c’est comme un suisse de porte. Il dit qu’on a voulu répandre quelque nuage de pyrrhonisme sur la vie de Guillaume Tell, Il dit que la maison d’Autriche pronostiquait dès son commencement par ses progrès l’accomplissement de son horoscope. Cette phrase est presque digne du célèbre M. de La Garde, qui fait avec une si grande supériorité l’article des spectacles dans le Mercure de France. Pour parler comme M. de Zurlauben, j’aurai l’honneur de vous dire qu’il n’est pas que vous ne sachiez que cet officier suisse est un plat historien, et que pareil détail me ménerait trop loin. M. Lemierre a retiré sa tragédie après la septième représentation. Comme il n’y avait personne aux trois dernières, Mlle Arnoult disait plaisamment que l’auteur avait fait mentir le proverbe : Point d’argent, point de Suisse.
— M. Targe, traducteur d’anglais de son métier, un peu moins mauvais que M. Eidous, nous a gratifiés, il y a quelques années, d’une traduction de l’Histoire d’Angleterre par M. Smolett, ouvrage très-peu estimé et encore moins estimable. Aujourd’hui M. Targe nous fait présent de la traduction d’une immense compilation publiée en Angleterre par M. Barrow. Elle est inti-