De Molé
Les engage,
Elles ont grand cœur à l’ouvrage.
Par un excès de vanité,
La Clairon nous avait quitté ;
Mais depuis ce temps elle enrage,
Et sent son inutilité.
Comptant sur la frivolité,
Elle recherche le suffrage
Du plumet,
Du valet :
Quel courage
Pour un aussi grand personnage !
Le goût dominant aujourd’hui
Est de se déclarer l’appui
De toute la plus vile espèce
Dont notre théâtre est rempli ;
Par de faux talents ébloui,
À les servir chacun s’empresse.
Le faquin,
La catin
Intéresse
Baronne, marquise et duchesse.
Molé, plus brillant que jamais,
Donne des soupers à grands frais,
Prend des carrosses de remise,
Entretient filles et valets.
Les femmes vident les goussets
Même des princes de l’Église[1].
Pour servir
Son plaisir,
Ses sottises,
Elles se mettraient en chemise.
Assignons par cette chanson
De chacun la punition
Qu’on doit donner à l’indécence :
D’abord, à Molé le bâton ;
Ensuite pour bonne raison,
Comme une digne récompense
- ↑ Le prince Louis de Rohan, coadjuteur de Strasbourg, l’archevêque de Lyon,
l’archevêque de Bourges, l’archevêque de Saint-Brieuc, ont souscrit pour la représentation de Molé. (Grimm.)