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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

Chacun Tous lesÀ Clairon
Chacun Tous lesLa maison
Chacun Tous lesOu la cage
ChacunQue l’on doit au libertinage[1].

COMPLAINTE

sur l’air des Pendus.


ChacunQuel est ce gentil animal
ChacunQui dans ces jours de carnaval
ChacunTourne a Paris toutes les têtes,
ChacunEt pour qui l’on donne des fêtes ?
ChacunCe ne peut être que Molet[2]
ChacunOu le singe de Nicolet.

ChacunVous eûtes, éternels badauds,
ChacunVos pantins et vos Ramponneaux ;
ChacunFrançais, vous serez toujours dupe.
ChacunQuel autre joujou vous occupe ?
ChacunCe ne peut être que Molet
ChacunOu le singe de Nicolet.

ChacunDe sa nature cependant
ChacunCet animal est impudent ;
ChacunMais dans ce siècle de licence
ChacunLa fortune suit l’insolence,
ChacunEt court du logis de Molet
ChacunChez le singe de Nicolet.

ChacunIl faut le voir sur les genoux
ChacunDe quelques belles aux yeux doux,
ChacunLes charmer par sa gentillesse,
ChacunLeur faire cent tours de souplesse :
ChacunCe ne peut être que Molet
ChacunOu le singe de Nicolet.

ChacunL’animal un peu libertin
ChacunTombe malade un beau matin :
ChacunVoilà tout Paris dans la peine,
ChacunOn croit voir la mort de Turenne ;
ChacunCe n’était pourtant que Molet
ChacunEt le singe de Nicolet.

  1. Et à l’auteur de la chanson, trois mois de Bicêtre pour la première fois. (Grimm.)
  2. Les Memoires secrets (2 mars 1767) attribuent ces couplets à Boufflers. M. de Manne (Galerie de la troupe de Voltaire) a établi par les actes civils que,
    contrairement à ce qui a été souvent imprimé, le nom de cet acteur était bien Molé et non Molet.