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AVRIL 1767.

contre des gens de cette espèce. M. de Voltaire, en parlant de lui, s’appelle un officier de la maison du roi, seigneur de plusieurs paroisses. J’ai lu deux pages avant de deviner qu’il parlait de lui. Je croyais qu’il était question de quelque officier des gardes du corps, et je m’épuisais en conjectures qui ce pouvait être. Notre patriarche est un vieil enfant. Il trouve si beau d’être encore du titre de gentilhomme ordinaire du roi ! On sait que ce corps est composé de fils de bourgeois de Paris à qui il ne faut d’autre mérite que celui de quarante mille livres pour acheter la charge. Moi, j’aimerais mieux m’appeler Voltaire que d’être seigneur de plusieurs paroisses et officier de la maison du roi : voilà comme les goûts sont divers. Le titre de cette brochure était bien trouvé, et promettait quelque chose de plus gai et de plus agréable.

— Il est sorti de la manufacture de Ferney encore un autre ouvrage, car la plume et le zèle du patriarche sont intarissables. La nouvelle brochure, qu’il n’est pas possible d’avoir à Paris, est intitulée les Questions de Domenico Zapata, traduites par le sieur Tamponet, docteur de Sorbonne, à Leipsig, 1766. L’auteur prétend que le licencié Zapata, nommé professeur en théologie dans l’université de Salamanque, présenta ces questions à la junte des docteurs en 1629 ; qu’elles furent supprimées alors, et que l’exemplaire espagnol est dans la bibliothèque de Brunswick. Ces questions consistent dans soixante-sept difficultés contre l’Ancien et le Nouveau Testament et contre l’infaillibilité de l’Église ; et ces difficultés sont presque les mêmes que celles que M. le proposant Thero soumit l’année dernière aux lumières de M. le professeur Claparède, et qui occasionnèrent cette belle et mémorable dispute sur les miracles, entre M. le proposant, M. le capitaine allemand, madame son épouse, M. le jésuite irlandais Needham, M. le citoyen Covelle et plusieurs autres grands hommes de cette trempe. Les difficultés de M. le licencié Zapata n’engendrèrent point de dispute. Ses dignes maîtres, les docteurs de la junte, n’y firent point de réponse, et l’auteur nous apprend que le licencié Domenico Zapata y Verdadero, y Honrado, y Caricativo, n’ayant point eu de réponse, se mit à prêcher Dieu tout simplement. Il annonça aux hommes le père des hommes, rémunérateur, punisseur et pardonneur. Il dégagea la vérité des mensonges, et sépara la reli-