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AVRIL 1767.

d’inspiration, et pour ainsi dire a priori, et cette histoire n’est autre chose qu’une satire des mœurs de Paris : tournure fastidieuse à force d’avoir été employée par de pauvres gens. L’écrit de M. l’abbé Coyer est misérable. Cet homme est mince philosophe, critique mesquin, mauvais plaisant, plat moraliste. Le style est plein de négligence, avec une affectation de légèreté d’un très-mauvais ton. C’est dommage que M. l’abbé Coyer défende presque toujours de bonnes causes, que ses intentions soient toujours bonnes, et que l’exécution y réponde si mal. Il a la frivolité et la manière d’une vieille coquette de soixante ans qui veut encore plaire par des minauderies. Monsieur l’abbé, la philosophie ne s’accommode pas de ces colifichets. Il faut laisser les hochets aux enfants, et ne pas traiter des questions sérieuses en disant des quolibets. M. Maty doit être peu flatté de la publicité de cet hommage. On voit qu’il s’est mis là en correspondance avec un pauvre homme. M. Maty doit être très-choqué de la comparaison du Journal encyclopédique avec le Journal britannique. Ce dernier, dont M. Maty s’était chargé pendant quelques années, a été sous ses auspices le meilleur journal qui ait paru de notre temps ; le Journal encyclopédique est fort mauvais. Je conviens que les articles que M. de Voltaire y fait insérer de temps en temps sont fort bons ; mais ils sont rares, et le reste est détestable et ne vaut guère mieux que le Mercure de France. Les auteurs sont si ignorants qu’ils ont fait, il n’y a pas longtemps, trois extraits successivement dans trois journaux consecutifs d’un livre intitulé à peu près de Rebus sucicis et qu’ils ont constamment traduit Suedia, la Suède, par la Souabe. Ils ont terminé les trois extraits sans s’apercevoir de leur bévue, et ont ainsi parcouru une histoire tout entière du royaume de Suède et en ont rendu compte, en la prenant pour une histoire du cercle de Souabe. Voilà le journal qui, suivant M. l’abbé Coyer, dispute de bonté avec le journal du docteur Maty. C’est à peu près comme lui, abbé Coyer, dispute de talent avec M. de Buffon.

M. Gamier, de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, vient de publier les dix-septième et dix-huitième volumes de l’Histoire de France depuis l’établissement de la monarchie. Cette histoire, commencée par l’abbé Velly, continuée par Villaret, a passé à la mort de celui-ci à M. Gamier, qui