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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

lieu et place, de faire déguerpir du paradis tous intrus qui ne reconnaîtront pas l’infaillibilité du pape et de la Sorbonne, et spécialement tous ceux qui, par la faute du feu P. Bélisaire, se sont glissés en dernier lieu dans ce manoir de délices. Le tout pour la plus grande gloire de Dieu, l’édification des fidèles, l’amendement des coupables et l’avancement en arrière de la raison en ce royaume de France. Amen.

— Un capucin gratte l’autre, suivant le proverbe, et pour s’y conformer, un certain abbé Cogé, approuvé par le docteur Riballier, syndic de la Sorbonne, a fait imprimer un Examen du Béisaire de M. Marmontel. Brochure de cent pages in-12. C’est un avant-coureur de la censure sorbonnique, laquelle, à ce qu’on espère, aura deux volumes in-4° d’impression, lorsque le R. P. Bonhomme y aura mis la dernière main. L’auteur de l’Examen nous donne la clef de la langue des philosophes modernes. Des hommes superbes, jaloux, mélancoliques, signifient dans leur bouche des chrétiens. Un Dieu terrible, dur, impitoyable, veut dire le Dieu des chrétiens. Quand ils parlent de préjuge national, ils entendent les vérités du christianisme. L’auteur a oublié un de leurs synonymes : c’est que quand ils voudront parler d’un petit polisson plat et infatué de sa petite théologie, c’est de lui qu’il sera question. Il assure que le mieux serait de rendre les philosophes ridicules. Il a raison, et je lui conseille de l’essayer. Le succès de l’avocat Moreau et du vertueux Palissot est encourageant : l’un a fait la fameuse histoire des Cacouacs ; l’autre, la fameuse comédie des Philosophes. Ces deux fameux ouvrages ont eu une vogue étonnante ; les jansénistes et les molinistes, les sots et les fripons, se sont réunis pour leur faire une réputation. Cependant ces beaux chefs-d’œuvre sont tombés dans le mépris et dans l’oubli, et leurs auteurs sont aujourd’hui si honorés qu’il n’y a point d’honnête homme qui voulût se trouver à souper avec eux. Quand on pense à cette troupe redoutable et joyeuse qui a pris la cause de Dieu en main depuis quelque temps, leurs arguments et leurs plaisanteries font en effet trembler, mais ce n’est pas pour les philosophes.

— Le brave Bergier, docteur en théologie et principal du collège de Besancon, a aussi reparu dans l’arène des combattants. Son Déisme réfuté par lui-même a terrassé en trois éditions cons-