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AVRIL 1767.

écutives le célèbre vicaire Savoyard, ex-confesseur de Jean-Jacques Rousseau. Aujourd’hui cet infatigable athlète entre en lice avec feu M. Fréret. On a publié l’année dernière sous le nom de ce savant un Examen critique des apologistes de la religion chrétienne. Ce livre est toujours resté fort rare à Paris, où le peu d’exemplaires qui ont percé ont eté vendus un, deux et trois louis. On m’avait assuré qu’il avait été imprimé fort incorrectement ; mais cela n’est pas vrai, il est au contraire imprimé avec beaucoup de soin et de correction. Cet ouvrage a fort effarouché les âmes chrétiennes. M. l’abbé Bergier vient de lui opposer la Certitude des preuves du christianisme, en deux parties in-12. Je suis de l’avis de cette femme dévote qui m’assurait l’autre jour qu’il était au-dessous de la majesté de l’Église de répondre aux raisonnements des incrédules. Outre qu’il est triste d’être réduit à toujours répondre, ces disputes ne servent qu’à faire éplucher de plus près les manières de procéder de l’Église de Dieu depuis dix-huit siècles, et en éclaircissant l’histoire de son premier période, on fait surtout d’étranges découvertes. Il faut convenir au reste que M. l’abbé Bergier est un homme très supérieur aux gens de son métier, c’est-à-dire à ceux qui se battent pour la cause de l’Église contre tout venant. Il a de l’érudition et même de la critique. C’est dommage que sa bonne foi lui fasse exposer les objections de ses adversaires dans toute leur force, et que les réponses qu’il leur oppose ne soient pas aussi victorieuses qu’il se l’imagine.

— Un autre défenseur de la cause de Dieu[1] vient de publier un Supplément à la Philosophie de l’histoire, de feu M. l’abbé Bazin, dans lequel il combat les erreurs et les impiétés de ce célèbre écrivain. Il nous assure sur le titre même que son supplément est nécessaire à tous ceux qui veulent lire cet ouvrage avec fruit. Je lui souhaite de vendre autant de suppléments que l’abbe Bazin a vendu de Philosophie de l’histoire. Ce supplémentaire est bête à faire plaisir. Dans la prochaine édition des Honnêtetés littéraires, il sera attelé avec Nonotte et La Beaumelle.

— Le prince héréditaire de Brunswick, à son retour d’Italie, ne s’est arrêté que pendant environ trois semaines en cette

  1. Larcher.