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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

homme mélancolique et chagrin. Il passait pour avaricieux et avide, quoiqu’il jouit d’une fortune aisée. De tels tempéraments ne promettent pas une longue vie. Le chagrin de n’avoir pas réussi a l’école militaire l’a conduit au tombeau.

— On a traduit du latin de Justus Febronius un Traité du gouvernement de l’Église, et de la puissance du Pape relativement à ce gouvernement. Trois volumes in-12. Ce livre a fait beaucoup de bruit dans l’Allemagne catholique et même en Italie ; il a obtenu à Rome les honneurs de l’Index. Le nom de Justus Febronius est supposé, et, si je m’en souviens bien, on attribue l’ouvrage à un chanoine de Wurtzbourg. Il ne fera pas tant de sensation en France. Ses principes sur la nécessité de restreindre l’autorité du pape sont ceux de tous les bons jansénistes, et n’auront pas en ce pays-ci le piquant de la nouveauté.

Le Voyage de M. Gmelin en Sibérie, fait et publié par ordre du gouvernement de Russie, est un ouvrage fort estimé. M. de Keralio, premier aide-major de l’École royale militaire, vient d’en publier une traduction libre d’après l’original allemand, en deux volumes in-12 assez considérables. Le principal soin de M. de Keralio a été de supprimer un grand nombre de détails qui n’auraient été d’aucun intérêt pour les lecteurs français, et de réduire par conséquent l’ouvrage de M. Gmelin presque à la moitié. Il lui a aussi ôté la forme de journal qu’il a dans l’original, et l’a partagé en chapitres. Cette traduction ne peut manquer d’être bien accueillie.

— Il faut joindre à l’ouvrage précédent l’Histoire du Kamtschatka, des îles Kurilski et des contrées voisines, publiée à Pétersbourg en langue russe, par ordre de Sa Majesté impériale, et traduite d’après l’anglais en langue eidous : car voilà comment il faudra nommer l’idiome dans lequel translate M. Eidous, et qui n’est certainement pas français. Cet ouvrage curieux fait aussi deux volumes in-12 assez forts.

— Nos faiseurs d’héroïdes ornées d’estampes ressemblent aux chenilles : quand il y en a un trop grand nombre, c’est preuve de sécheresse. Tuons-en deux ou trois, ce sera toujours cela de moins. M. Masson de Pezay, capitaine de dragons, a fait imprimer une Lettre d’Ovide à Julie, écrite de son exil, précédée d’une lettre de l’auteur, en prose, adressée à M. Diderot