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MAI 1767.

posthume à son héros, ou le Tableau de sa vie accompagné de plusieurs autres, consiste en une brochure de cent cinquante pages d’une platitude qui mériterait une punition exemplaire dans un pays bien policé. On peut ajouter à ces trois mauvaises drogues une quatrième du même mérite, savoir : les Nouveaux Contes moraux, ou Historiettes galantes et morales, par M. Charpentier, en trois petites parties in-12. C’est le succès des Contes moraux de M. Marmontel qui nous attire ces mauvaises et impertinentes productions.

La Petite Poste dévalisée[1] forme un recueil de lettres que l’auteur prétend avoir dérobées à un facteur de la petite poste, établie dans Paris par les soins de M. de Chamousset. Cette idée n’est pas neuve, il y a eu tant de portefeuilles perdus, égarés, dérobés ; malgré cela la Petite Poste dévalisée pouvait être un chef-d’œuvre de plaisanterie et de satire. C’était un ouvrage charmant à faire par une société de gens d’esprit et de bonne humeur. Je condamne le polisson qui a dévalisé la petite poste si détestablement à briguer une place de facteur à la première promotion.

De l’Éloquence du barreau, par M. Gin, secrétaire du roi, avocat au Parlement. Volume in-12 de plus de trois cents pages. On peut parcourir cette brochure, dans laquelle on trouve beaucoup d’observations communes et de préceptes de bon sens. Si l’auteur pouvait ôter à ses compères un peu de ce ton déclamatoire qu’ils ont, il rendrait service au barreau, et avec tout cela il n’aurait pas encore transformé ses Cochin et ses Aubry en Cicérons et en Démosthènes.

La Rhétorique des savants, contenant des pièces choisies des plus célèbres poëtes et orateurs, par M. l’abbé Charuel d’Autrain. Volume in-12, de plus de cinq cents pages. L’auteur mériterait d’être amendé pour n’avoir fait autre chose, sous ce titre imposant, que de spolier indignement et impudemment le Mercure de France. Toute sa Rhétorique des savants n’est autre chose que des pièces de vers tirées de ce journal, et ses plus célèbres orateurs sont d’abord lui Charuel, ensuite M. Desforges-Maillard, M. Feutry, M. de La Louptière, M. de La Sorinière, et d’autres rimailleurs de cette espèce. M. l’abbé Charuel d’Autrain,

  1. (Par J.-B. Artaud.) Amsterdam et Paris, 1767, in-12 ; réimpr., an XI, in-12.