À besoin d’être encouragée,
Toute passable nouveauté
Par nous sera très-protégée.
Confrères généreux, nous ferons de grands frais
Pour doubler un petit succès.
Usant d’ailleurs d’économie
Pour les chefs-d’œuvre de nos jours,
Et laissant la gloire au génie
De réussir sans nos secours.
L’orchestre plus nombreux. Sous une forte peine
Défendons que jamais on change cette loi.
Dix flûtes au coin de la Reine,
Et dix flûtes au coin du Roi.
Basse ici, basse là ; cors de chasse, trompettes,
Violons, tambours, clarinettes ;
Beaucoup de bruit, beaucoup de mouvements.
Surtout pour la mesure un batteur frénétique :
Si nous n’avons pas de musique,
Ce n’est pas faute d’instruments.
Sur le musicien, même sur l’ariette,
Doit peu compter l’auteur des vers,
Comme à son tour l’auteur des airs
Doit peu compter sur le poète[1].
Le poëte, glacé, glace toujours de même ;
Comme sur l’ennui du poëme
Le public a pris son parti ;
Que les intrigues mal tissues
N’ont plus le droit de l’effrayer ;
Que même des fragments ne peuvent l’ennuyer
Et que les nouveautés sont toujours bien reçues,
Pourrons quelque jour essayer
Un spectacle complet en scènes décousues.
- ↑ Il faut toujours, en cas de chute, que le musicién et le poëte puissent se consoler en s’accusant réciproquement.