Que celles qui pour prix de leurs heureux travaux
Jouissent à vingt ans d’une honnête opulence,
Ont un hôtel et des chevaux,
Se rappellent parfois leur première indigence,
Et leur petit grenier, et leur lit sans rideaux.
Leur défendons en conséquence
De regarder avec pitié
Celle qui s’en retourne à pied,
Pauvre enfant dont l’innocence
N’a pas encore réussi,
Mais qui, grâces à la danse,
Fera son chemin aussi.
De n’accoucher que rarement ;
En deux ans une fois, une fois seulement :
Paris ne goûte point leurs couches éternelles.
Dans un embarras maudit
Ces accidents-là nous plongent ;
Plus leur taille s’arrondit,
Plus nos visages s’allongent.
Prononçons une juste peine
Contre l’usurpateur qui vient insolemment,
L’or en mains, dépeupler la scène,
Et ravir à nos yeux leur plus bel ornement.
Taxe pour chaque enlèvement,
Et le tarif incessamment
Rendu public dans tout notre domaine ;
Cette taxe imposée à raison du talent,
De la beauté surtout : tant pour une danseuse,
Tant pour une chanteuse,
Rien pour celles des cœurs : nous en ferons présent.
Dont nos États sont agités,
Vu les noirceurs, vu les querelles
Qu’excitent les rivalités
De rôles, de talents, de plaisirs, de beautés ;
Et que peut-être un vaste empire