Qu’un peuple lyrique à conduire,
Avons approfondi le grand art de régner,
Partout exercerons un despotique empire
À l’égard des femmes surtout,
Attendu qu’elles sont partout
Très-difficiles à réduire.
En toute bonne police
Est une prompte justice,
Tous leurs procès jugés à notre tribunal,
Jugés sans nul appel. Et l’ordre et la décence
Veulent que chacune à son tour
Comparaisse à notre audience ;
Viendront l’une après l’autre et nous feront leur cour.
Les plus jeunes d’abord admises :
Ayant plus de procès, elles pourront nous voir
Dès le matin à sept heures précises,
Ou vers les onze heures du soir.
Et pour qu’on ne prétende à faute d’ignorance,
Sera la présente ordonnance
Imprimée, affichée à tous nos corridors,
Aux murs des loges, aux coulisses,
Aux palais des Rolands, aux chambres des Médors
Et dans les boudoirs des actrices.
De plus, dans le foyer sera ledit arrêt
Enregistré sous la forme ordinaire,
Pour le bien général et pour notre intérêt.
Détruisant, annulant autant que besoin est
Tout règlement contraire.
L’an de grâce soixante et sept,
Fait en notre château, dit en langue vulgaire
Le Magasin, près du Palais-Royal.
Signé Le Berton et Trial
Plus bas, Joliveau, secrétaire.
P. S. Nous avions résolu de retrancher l’usage impertinent des masques ;
mais nous avons reçu une députation de nos danseurs qui nous remontrent que cet usage un peu singulier ne laisse pas d’être utile : 1° pour ne pas compromettre leurs figures, 2° parce qu’il est plus aisé d’avoir un masque qu’une physionomie. Nous avons déféré à d’aussi justes remontrances.