Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

lorsque l’ennemi sera aux abois. Indépendamment de l’Indiculus qui a percé et édifié le public malgré la Sorbonne, ledit grand docteur Riballier ou Ribaud a détaché aux troupes de Bélisaire un de ses petits roquets appelé l’abbe Cogé, et l’erroné Marmontel s’étant plaint d’avoir été injurié, calomnié, outragé par ledit Cogé, ce petit roquet, qui s’était contenté d’attaquer l’auteur de Bélisaire comme impie, a incontinent publié des additions à son examen, dans lesquelles il dénonce l’auteur de Bélisaire comme séditieux : le tout pour préparer par forme d’avant-goût à la salubrité un peu amère de la censure théologique qui doit opérer sa guérison, afin que le nom du grand Riballier soit inscrit dans les fastes de l’immortalité à côté de celui de l’illustre docteur Tamponet, qui, en son vivant, a joué un si grand rôle dans l’affaire de la thèse de l’abbé de Prades.

Mais comme la gloire de la sacrée Faculté et la réputation de ses lumières, de sa douceur et de son équité, ne sont pas le seul but qu’elle doive se proposer par les censures ; comme il serait expédient d’aller à la source du mal afin d’en arrêter d’autant plus sûrement le progrès, et comme, au grand scandale de toutes les âmes charitables et par une suite inévitable de la corruption générale des mœurs, l’ancien et respectable usage de brûler les auteurs de tout ouvrage censurable a malheureusement passé de mode, et ne pourrait être remis en vigueur en ce siècle efféminé sans faire crier à l’atrocité et à la cruauté, pour quelques fagots de plus qu’il y aurait de consumés ; si, en ma qualité de luthérien, il m’était permis d’élever ma faible voix parmi les enfants d’Israël, je conseillerais aux vénérables docteurs de toutes les absurdités, composant entre eux la sacrée Faculté, de réunir tous leurs efforts pour obtenir à la prochaine assemblée du clergé, de même qu’à la première assemblée de chambres de nos seigneurs du Parlement, de très-humbles représentations à faire au roi pour qu’il plaise à Sa Majesté d’interdire dans toute l’étendue de sa domination, par un édit à jamais irrévocable et sous peine de la vie, la culture du bois et du chanvre, ensemble l’usage du linge, tant de corps que de lit, de table et de ménage, ou sous quelque dénomination que ce puisse être. Cet édit, observé dans toute sa rigueur, fera bientôt tomber toutes les papeteries, parce que où il n’y a point de linge il n’y a point de chiffons, et où il n’y a point de chiffons,