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JUIN 1767.

— La tragédie des Illinois a été interrompue, après la première représentation, par une maladie assez sérieuse qui est survenue à Mlle Dubois. Elle ne pourra être reprise qu’après le rétablissement de cette actrice.





JUILLET.

1er juillet 1767.

La manufacture intarissable en productions pour le bien du genre humain, qui fleurit à Ferney, sous un chef dont le zèle est infatigable, vient de fournir sous le titre de Berlin et l’année 1766 un fragment des Instructions pour le prince royal de ***, écrit de quarante petites pages in-12. Je n’en connais qu’un seul exemplaire à Paris, que j’ai eu bien de la peine à me faire préter pour un quart d’heure. On ne saurait assez déplorer la sévérité avec laquelle on continue d’empêcher l’importation et le débit des productions de cette fabrique précieuse. J’ai toujours eu un grand mépris pour les lois somptuaires ; celles qui ont pour objet de conserver à une nation sa pauvreté d’esprit ne sont pas moins méprisables à mes yeux.

La brochure dont il s’agit ici, et qui fait en tout soixante-dix-sept pages, contient, outre le fragment des Instructions, un chapitre sur le divorce, un autre sur la liberté de conscience ; et on lit à la fin la première anecdote sur Bélisaire, ou la conversation de l’académicien avec frère Triboulet, que vous connaissez.

Dans le chapitre sur le divorce, l’auteur fait voir combien les principes de l’Église romaine en matière matrimoniale sont contraires au sens commun et à la bonne police. Le chapitre sur la liberté de conscience consiste dans un petit dialogue entre un jésuite, aumônier d’un prince de l’empire catholique, et un anabaptiste manufacturier faisant entrer deux cent mille écus tous les ans dans les États de Son Altesse par son Industrie. On développe dans cette petite conversation l’absurdité et l’atrocité de l’esprit intolérant de l’Église romaine. Je suis persuadé que la cour de Rome décernerait volontiers au vénérable pa-