Il faut de l’âme avec de la beauté.
Un visage baigné de larmes
Qui peint un cœur fortement agité,
Aura toujours assez de charmes
Aux yeux du public transporté.
Quand Dumesnil, en proie à ses alarmes,
Dans notre sein vient répandre ses pleurs,
Qu’elle porte dans tous les cœurs
Le cri perçant de la nature,
C’est sa douleur qui plaît et non pas sa figure.
Sur ce principe ordonnons à Dubois
De ne changer d’amant qu’une ou deux fois par mois,
D’étudier une fois la semaine :
Clairon nous a fait voir, et la chose est certaine,
Que l’art bien conduit quelquefois
Peut ressembler à la nature ;
On aime une heureuse imposture ;
Mais que Dubois prenne un autre chemin,
Et que chacun de nous en ami l’avertisse
Que pour devenir bonne actrice,
Ce n’est pas tout d’être catin.
De changer à propos de ton,
De ne pas nous chanter son rôle avec tristesse
Ainsi qu’un écolier qui redit sa leçon ;
De crier moins pour toucher davantage,
D’acquérir de ses bras un plus facile usage,
De donner à sa voix… Nous parlons pour son bien ;
Mais elle a de l’orgueil, elle n’en fera rien.
Durancy fit fort mal quand son mauvais génie
De rentrer parmi nous lui donna la manie ;
Nous l’avions renvoyée, et nous savions déjà
Qu’elle serait bien mieux à l’Opéra ;
Nous l’avouons pourtant, quoi que le public pense,
Elle est pleine d’intelligence ;
Mais son organe est trop ingrat.
Nous ordonnons en conséquence
Que sous trois jours on lui délivrera
Un passeport nouveau pour l’Opéra ;