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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.


XII.



Fanier la suit de loin, mais son ami Dorat
A tousFréquente trop souvent chez elle.
Que sait-on ? Il peut plaire ; il est jeune, elle est belle ;
A On ne croit plus à l’amour délicat.
A tousAh ! quel plaisir si sa sagesse
A tousPouvait faire le moindre écart !
A tousParmi nous, c’est une bassesse
A tousDe vouloir ennoblir son art.
Vous avez sous les yeux un si noble modèle :
La Beauménard[1] ; elle a joui de ses beaux ans.
A tousSachez vous avilir comme elle,
A tousEt semez dans votre printemps ;
Ruinez par raison vingt ou trente personnes :
Qu’importe ? Vous pourrez peut-être quelque jour,
A tousQuand vos affaires seront bonnes,
A tousVous abandonner à l’amour.



XIII.



A tousLa Bellecour, cette lourde Finette,
A tousSe défera des rôles de soubrette
En faveur de Luzy, qui, jouant plus souvent,
Pourra joindre aux attraits le charme du talent,
Pourvu qu’elle renonce à ses fades grimaces,
À sa minauderie, à sa prétention :
A tousL’air emprunté gâte toujours les grâces,
Et la nature plaît sans affectation.



XIV.



Fanier travaillera, c’est chose essentielle :
Notre but est d’instruire, et non pas de louer ;
Nous sommes, malgré nous, forces de l’avouer,
A tousSon talent est plus jeune qu’elle.



XV.



Du reste, désirant soulager la Gautier[2]
Qui se plaît dès longtemps, et plaît dans son métier,
Ordre à la Bellecour qu’il faut que l’on réforme,
Vu, sans d’autres raisons, et son air et sa forme,

  1. Aujourd’hui la femme de Bellecour. Fameuse courtisane en son temps. Son air effronté a toujours fait tort à sa beauté. Elle n’a jamais été bonne actrice ; mais
    elle devient tous les jours plus grosse et plus détestable. (Grimm.)
  2. Ou Mme Drouin. Elle joue depuis quelques années les rôes de caractère avec succès. (Id.)