D’apprendre incessamment les rôles des Grognac,
Des Argante, des Coupillac.
Elle doit s’y résoudre avec pleine assurance.
Que n’a-t-elle pas vu depuis plus de trente ans ?
D’un monde que l’on a fréquenté si longtemps,
On doit avoir la connaissance.
Enjoignons au surplus, pour l’exemple des mœurs
Et la tranquillité publique,
Qu’aucune actrice en son humeur lubrique,
À l’Opéra ni même ailleurs,
N’aille par avarice où bien par politique
Brouiller d’heureux amants et mendier des cœurs.
Il faut en tout de la justice.
Lorsque avec adresse une actrice
Dans ses filets a su prendre un moineau,
On doit respecter son ouvrage ;
Quand elle l’apprivoise, il ne serait pas beau
Qu’une autre en vînt arracher le plumage.
Item pour l’avenir, mais très-expressément,
Faisons defense à nos actrices
De faire leurs marchés ou quelque arrangement,
Au foyer ni dans les coulisses ;
D’y laisser échapper quelques mots indécents.
Que la Hus n’aille plus par un compliment fade
Crier à la Dubois : « Ma chère camarade,
Comment se portent vos enfants ? »
Calculant avec soin nos besoins, nos ressources,
Ayant mûrement réfléchi
Et sur Lemierre et sur Sivry[1],
Dont les talents n’emplissent pas nos bourses ;
Et ne gagnant plus tous les ans
Qu’entre huit et dix mille francs
Qui ne sauraient suffire à la dépense
Qu’exigent notre luxe et notre vanité ;
Comptant d’ailleurs sur l’indulgence
Et l’amour de la nouveauté
- ↑ Poinsinet de Sivry, cousin de Poinsinet, sorcier, auteur de quelques mauvaises tragédies. (Grimm.)