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JUILLET 1767.

D’apprendre incessamment les rôles des Grognac,
A tousDes Argante, des Coupillac.
Elle doit s’y résoudre avec pleine assurance.
Que n’a-t-elle pas vu depuis plus de trente ans ?
D’un monde que l’on a fréquenté si longtemps,
A tousOn doit avoir la connaissance.



XVI.



Enjoignons au surplus, pour l’exemple des mœurs
A tousEt la tranquillité publique,
A Qu’aucune actrice en son humeur lubrique,
A tousÀ l’Opéra ni même ailleurs,
N’aille par avarice où bien par politique
Brouiller d’heureux amants et mendier des cœurs.
A tousIl faut en tout de la justice.
A tousLorsque avec adresse une actrice
A Dans ses filets a su prendre un moineau,
A tousOn doit respecter son ouvrage ;
Quand elle l’apprivoise, il ne serait pas beau
A Qu’une autre en vînt arracher le plumage.



XVII.



Item pour l’avenir, mais très-expressément,
A tousFaisons defense à nos actrices
De faire leurs marchés ou quelque arrangement,
A tousAu foyer ni dans les coulisses ;
D’y laisser échapper quelques mots indécents.
Que la Hus n’aille plus par un compliment fade
Crier à la Dubois : « Ma chère camarade,
A tousComment se portent vos enfants ? »



XVIII.



Calculant avec soin nos besoins, nos ressources,
A tousAyant mûrement réfléchi
A tousEt sur Lemierre et sur Sivry[1],
A Dont les talents n’emplissent pas nos bourses ;
A tousEt ne gagnant plus tous les ans
A tousQu’entre huit et dix mille francs
A Qui ne sauraient suffire à la dépense
Qu’exigent notre luxe et notre vanité ;
A tousComptant d’ailleurs sur l’indulgence
A tousEt l’amour de la nouveauté

  1. Poinsinet de Sivry, cousin de Poinsinet, sorcier, auteur de quelques mauvaises tragédies. (Grimm.)