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JUILLET 1767.

A À tous auteurs que, par leur insolence,
Bellecour et Molé pourraient avoir blessés,
Et qui, dans l’antichambre, ont eu la complaisance
D’attendre leur orgueil et leurs airs insensés.
A tousEt pour réparer notre offense,
A tousConsentons d’être méprisés
A Plus que jamais, Une telle vengeance
A tousRendra chacun de nous content :
Ils n’auront que lhonneur, et nous aurons l’argent.

De notre comité, tel est l’ordre suprême
A tousQu’à l’avenir chacun suivra.
A tousDonné sur le théâtre même
A tousL’an mil sept cent et cœtera.

— On a donné ces jours derniers sur le théâtre de la Comédie-Italienne un opéra-comique nouveau, intitulé Toinon et Toinette, en deux actes. La pièce est de M. Desboulmiers, qui a déjà obtenu les honneurs du sifflet plusieurs fois sur le théâtre ; la musique est de M. Gossec, qui a du talent, et qui mériterait un meilleur poëte. Toinette est une petite personne qui ressemble à l’aimable Rose de M. Sedaine, mais comme un peintre d’enseignes sait faire ressembler. M. Sedaine est le peintre de la nature, et M. Desboulmiers est le peintre d’enseignes, mais d’enseignes pour le faubourg Saint-Marceau tout au plus, car la rue Saint-Honoré en veut de beaucoup mieux peintes. Toinette, caricature de Rose, a un père, caricature de Mathurin, père de Rose. Le père de Toinette n’est cependant pas aussi rangé que le père de Rose. Il doit une somme d’argent à un usurier intraitable ; il est vrai qu’il a des fonds sur un navire qui peut arriver d’un moment à l’autre, car la scène est dans un port de mer. L’usurier est amoureux de Toinette, et si elle voulait consentir de l’épouser, la dette du père se trouverait acquittée par la main de la fille. Mais Toinette n’a pas de cœur à donner à un vieux singe ; elle aime tendrement Toinon, neveu de l’usurier, qui est le Colas de cette Rose. Le vieux coquin d’oncle cherche d’abord à brouiller Toinette avec son neveu Toinon, et à la persuader que Toinon aime sa cousine Margot ; mais ce mensonge n’a d’effet que pour fournir au poëte le sujet d’une scène de jalousie terminée par un raccommodement. Alors l’usurier ne voit plus le succès de son amour que dans sa créance. Si Toinette ne l’épouse pas sur-le-champ,