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AOUT 1767.

Voilà donc tout ce qui nous est revenu de la succession de ce grand homme ! Quelques lettres de compliments à des Italiens, et puis ce recueil de lettres indifférentes à un chanoine de Tournai, qui s’était fait Don Quichotte de la vertu des dames de Paris, et qui travaillait pour les prix de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Il est rapporté dans les notes qu’un jour l’abbé de Guasco faisant, suivant sa coutume, l’apologie des dames à l’occasion d’une aventure galante qui occupait le public, le président, s’adressant à un de ses amis qui entrait dans ce moment, lui dit : « Marquis, que dites-vous de cet abbé, qui croit qu’a Paris on ne f… point ? » Cela me rappelle le mot de M. le comte de Paar, seigneur autrichien, grand maître des postes des pays héréditaires, fort connu ici pour le peu d’agréments de sa figure et de son esprit. Il aime la France et son séjour à la passion, et il a bien l’air de n’aimer qu’une ingrate qui ne le paye d’aucun retour. Il avait passé à Paris tout le temps de l’ambassade de M. le prince de Kaunitz, et il nous dit la veille de son départ : « On doit bien peu se fier aux idées même les plus généralement établies. Dans toute l’Europe, on croit les femmes de Paris en fait de galanterie d’une facilité singulière. Quand je suis venu ici, on a voulu me persuader qu’il n’y avait qu’à se baisser et en prendre. Eh bien, messieurs, rien de plus faux. Je vous jure sur mon Dieu et sur mon honneur que je sors de Paris comme j’y suis entré, et que je n’ai jamais tenté fortune sans m’attirer quelque méchante querelle. Et puis fiez-vous aux idées reçues ! » il paraît que l’abbé de Guasco peut faire le second témoin de la vertu des dames de Paris. Or, deux témoins irréprochables fournissent une preuve juridique.

Pour revenir au président, qui peut-être n’aurait pas pu témoigner comme eux, il est bien difficile d’imaginer qu’il ne se soit rien trouvé du tout de précieux dans ses papiers. Comment supposer qu’il ne soit resté aucune trace de cette Histoire de Louis XI, si malheureusement brûlée par un malentendu entre l’auteur et son secrétaire ? Le plus petit fragment en eût été précieux pour le public. J’ai ouï dire plus d’une fois à des gens qui pouvaient le savoir que le président avait dans son portefeuille dix-sept nouvelles Lettres persanes dont il comptait enrichir une nouvelle édition de cet ouvrage unique en son