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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

genre. Que sont-elles devenues ? Il est question dans ses Lettres familières d’un petit roman intitule Arsace, qui n’a jamais vu le jour. Il avait écrit des mémoires concernant ses voyages ; et de quel prix ne seraient pas ces mémoires ! il est vrai qu’après sa mort on répandit dans le public que le P. Routh, jésuite irlandais, appelé dans ses derniers instants, avait exigé et obtenu le sacrifice de tous ses papiers, mais ce fait se trouve démenti par une lettre de Mme la duchesse d’Aiguillon, insérée dans le recueil. Ce n’est pas que le maroufle de jésuite ne tentât la chose ; mais Mme d’Aiguillon survint heureusement à temps. Le mourant se plaignit à elle de la proposition du jésuite, qui répondit aux reproches de Mme d’Aiguillon : « Madame, il faut que j’obéisse à mes supérieurs. » Mais enfin, le vilain compagnon de Jésus fut renvoyé sans rien obtenir.

Il est donc plus que vraisemblable que ces précieux fragments existent entre les mains de M. de Secondat, fils de notre illustre président, retiré à Bordeaux, sa patrie. Ce fils, que j’ai toujours vu d’un décontenancé et d’une timidité extraordinaires, passe pour être dévot ; mais si j’en crois des personnes qui se prétendent au fait de l’état de choses, ce n’est pas par scrupule de conscience qu’il nous prive de ces restes précieux d’un grand homme. On assure que ce fils a le malheur d’être jaloux de la réputation de son père, et qu’il ne contribuera jamais à l’augmenter par la publication de ses ouvrages posthumes. La dévotion, comme il arrive souvent, ne servirait donc ici que de voile pour couvrir un sentiment bien méprisable ; mais, quel qu’en soit le motif, nous n’en sommes pas moins privés d’un bien inestimable.

— On assure que le recteur du collège des jésuites a Breslau ayant écrit au roi de Prusse, son souverain, pour être rassuré sur le sort de la Société dans les circonstances présentes, Sa Majesté lui a fait la réponse suivante :

« Je n’ai pas l’honneur d’être Roi Très-Chrétien, je ne suis pas Roi Catholique, encore moins Roi Très-Fidèle. Tranquillisez-vous ; si je vous chasse jamais, je vous dirai pourquoi. »

— On vient d’imprimer pour la première fois les Sermons sur différents sujets, prêchés devant le roi en 1686 et 1688 par le P. Soanen, de l’Oratoire. Deux volumes in-12 assez forts. Ce P. Soanen balançait alors la réputation du jésuite Bourdaloue,