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CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

et les cris d’Amestris, Mirzanès était vraisemblablement éxécuté sans se douter de sa qualité de dauphin, si une poignée de conjurés n’y avait mis la main. Ils l’ont délivré, et ils le ramènent victorieux au palais, où il paraît à la tête de ses partisans, le sabre à la main. L’exécution devait se faire de nuit ; ainsi il est déjà un peu tard lorsqu’il en est de retour. Chemin faisant, il a été obligé de se battre contre des gens qui défendaient les approches du palais. Il a tué dans l’obscurité un homme, entre autres, dont les cris plaintifs l’ont ensuite attendri. Il se flatte que c’est Gosroés lui-même qui a péri de sa main, et il se demande d’où lui peut venir cette pitié importune dont il se sent obsédé. Mais au milieu de ces discours, Cosroès paraît, d’où Mirzanès conclut que ce n’est pas lui qu’il a massacré.

Cosroès vient seul, sans armes, sans défense. Il se met à la merci de ses assassins. Il veut absolument que Mirzanès le tue. Celui-ci dès qu’il en est le maître ne s’en soucie plus, et puis ses mouvements secrets et intérieurs recommencent de nouveau. Mais Cosroès s’en tient à son idée ; il faut que Mirzanès le tue ou qu’il périsse lui-même. On ne peut le détacher de cette alternative. Cependant Mirzanès, plus occupé de l’homme qu’il a percé dans l’obscurité que de tout le reste, voit enfin approcher sa victime. C’est Phalessar, qui vient mourir en présence de son roi et de son meurtrier. Amestris survient aussi. Elle n’est pas femme à garder longtemps son secret. Elle déclare à Mirzanès sa naissance. Celui-ci, interdit, pétrifié, se reconnaît pourtant pour fils de Cosroès. Il embrasse sa chère mère ; il rend hommage à son roi en tombant à ses pieds avec tous ses partisans. Tout se calme, et Phalessar, qui croit la pièce finie, prend le parti de mourir de sa blessure, assez content de la tournure qu’ont prise les étonnantes aventures qui se sont passées dans cette journée.

Mais Phalessar ne savait pas son compte et était bien heureux d’en être quitte pour quatre actes. Je crus un moment que l’auteur nous en tiendrait quittes aussi, et que nous irions souper sans cinquième acte, parce qu’enfin tout se trouvait terminé le plus convenablement du monde. Mais M. Le Fèvre, qui pense à tout, avait mis le peuple dans ses intérêts et avait trouvé dans son assistance de quoi allonger sa pièce d’un cinquième, qui paraissait manquer à la première coupe. Ce