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SEPTEMBRE 1767.

peuple s’était assemblé pour voir une exécution, et il n’était pas d’humeur de s’en retourner sans avoir rien vu. Ainsi il se mutine, il force les portes du palais, et il demande à cor et à cri que, fils de roi ou non, le coupable Mirzanès soit exécuté. Amestris a beau crier de son côté : le peuple n’entend pas raison, et Cosroès, pour finir l’acte, est oblige d’envoyer Mirzanès de nouveau au supplice.

Acte cinquième. — Si ce jeune chrétien sait y aller de bonne grâce, il sait aussi en revenir, comme vous savez. Cette fois-ci, il apprend au moment de son exécution qu’une nouvelle conspiration vient d’éclater contre son père. Memnon, qui s’était derobé à la poursuite de Cosroès, s’est mis à la tête des Abyssiniens, ses prisonniers, et marche vers le palais. À cette nouvelle, Mirzanès n’en fait pas deux, il se saisit du sabre du bourreau, et court combattre ce perfide Memnon, quitte à venir après cette expédition pour se faire enfin exécuter. Mais cette fois-ci le peuple le dispense de recommencer cette fatigante cérémonie. Mirzanès n’a pas sitôt rejoint Memnon qu’il a terminé ses crimes et sa vie, moyennant le sabre du bourreau enfoncé dans le ventre du traître, et le peuple, touché de cette action qui rend enfin le repos à l’empire et assure la tranquillité publique, ne se soucie plus de voir Mirzanès représenter davantage en place de Grève.

Au reste, tout cela se passe derrière la scène, et Cosroès en est successivement instruit par divers récits, dont le dernier et le plus long est fait par la reine en personne. Dès que son récit est fini, Mirzanès paraît au milieu du peuple pour confirmer toutes ces heureuses nouvelles.

Cependant, avant de permettre à Cosroès de se livrer enfin à quelque joie, un grand du royaume vient pour lui donner sur la sainteté du serment une leçon un peu vigoureuse. C’est Arbate. Il avait juré au second acte de n’épargner pas même son fils. Il a trouvé ce fils parmi les conjurés. Il l’amène devant le roi. Il se rappelle son serment en présence de toute la cour. Il tire son poignard, et l’on croit qu’il va l’enfoncer dans le sein de son fils coupable. Point du tout ; c’est lui-même qu’il perce. Mais ce petit sermon ne fait pas la moindre impression sur Cosroès, qui n’a plus envie ni de se tuer, ni de faire tuer son fils chrétien. Ainsi vous croirez que le fruit de la mort d’Arbate