Page:Correspondance littéraire, philosophique et critique, éd. Garnier, tome 7.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
SEPTEMBRE 1767.

c’est vous surtout, monsieur, que je félicite de la représenter si bien à Paris.

« J’ai l’honneur d’être, etc. »

— Vous croirez que c’est là tout ce que nous tenons de la manufacture de Ferney pour cet ordinaire, et vous trouverez que c’est bien assez ; mais la plume du divin patriarche est intarissable. Nous lui devons encore un écrit de cinquante-quatre pages in-8° intitulé Essai historique et critique sur les dissensions des Églises de Pologne par Jospeh Bourdillon, professeur en droit public à Basle. Ce morceau, sans rien perdre de son piquant, est écrit d’une manière aussi solide que sage. On remonte à l’origine des choses, et l’on suit l’histoire des Dissidents en Pologne jusqu’à nos jours. L’auteur a eu raison d’appeler son essai critique car il est plein d’une excellente philosophie ; l’esprit intolérant et persécuteur de l’Église romaine y est dépeint sous ses véritables couleurs. Il est impossible que la saine raison ne soit écoutée à la fin, et que tant d’excellents écrits en faveur de la cause du genre humain ne prévalent enfin sur les efforts d’un petit nombre d’ambitieux en soutane et en surplis qui ont fondé leur empire sur notre bêtise. Si nous sommes venus un peu trop tôt pour jouir des effets de cette révolution, nous mourrons du moins avec la consolation que la génération future sera plus heureuse, et que c’est nous qui aurons préparé son bonheur et sa tranquillité, en minant les fondements de la tyrannie spirituelle. Je vois, dès ce moment, les statues qu’on élèvera dans toutes les parties de l’Europe à l’honneur immortel de Voltaire, comme au plus généreux défenseur des droits de l’humanité, comme au plus grand bienfaiteur du genre humain. Je les vois, et mon cœur s’enflamme de l’amour le plus pur des hommes, et je leur pardonne leurs erreurs insensées en faveur du bonheur qui les attend.

Nous n’avons qu’un seul exemplaire de cet Essai historique et critique à Paris, et c’est un grand malheur : de tels écrits devraient être la nourriture du peuple ; il en serait plus sage et meilleur. On y voit à la fin un beau portrait du roi de Pologne ; mais je doute que M. l’évêque de Cracovie manifeste à la prochaine diète extraordinaire les sentiments qu’on lui prête ici en faveur des Dissidents. On finit par l’éloge des puissances